Marchés potentiels
Modélisation de la demande des ménages par secteurs d'activité.
 

1 Conjoncture

2 Déclin structurel de l'économie française

Statistiques peu connues

Cinéma

Distribution

Economie

Management

Citations

Sources documentaires

Glossaire

A lire

Sites à voir

L'Union Européenne

La fin de l'ascenseur social

Génération apparatchiks

Immigration

Management

Intelligence artificielle


Pays : Forces et faiblesses de l'Allemagne

La renaissance de l'Allemagne

Une économie allemande redevenue compétitive

Les raisons des succès éonomiques del'Allemagne

 

 

L'Allemagne prend le leadership de l'Europe

Profitant de l'affaiblissement économique et politique de la France, l'Allemagne a réussi à placer ses hommes aux postes-clés, mais peu visibles, de l'Europe.

Pour l'ancien premier ministre italien Enrico Letta "Jusque dans les années 1980, la France était le centre de l'Europe et Bruxelles était français. Depuis, Paris a perdu le leadership et s'est laissé dépasser par Berlin. Les Allemands ont investi de façon intelligente et subtile le coeur des institutions, ne plaçant pas forcément des hommes au sommet, mais à des postes-clés, là où les choses se décident vraiment."

"Les commissaires cherchent désormais une personne relais entre Bruxelles et Berlin, et plus forcément entre Bruxelles et Paris.", indique un ambassadeur européen.

"Une forte crédibilité économique et un leadership exercé par Angela Merkel, qui a la plus grande longévité au sein du Conseil européen" fait que la chancelière n'a cessé de placer des hommes à elle aux poste-clés de l'Europe, tout en faisant passer la consigne à ses diplomates d'adopter un profil bas.

Ce leadership allemand est amplifié par la montée au sein des institutions européennes des représentants des pays économiquement intégrés à l'Allemagne : Pays-Bas, Lettonie, Finlande, Pologne.

source : Sabine Syfus-Amaud dans Challenges 20 Novembre 2014

 

La renaissance de l'Allemagne

Les 4 lois de Peter Hartz

En 2002, le chancelier Schröder met en place une commission d'expert sous la responsabilité de Peter Hartz, qui dbouchera sur 4 lois :

  1. Faciliter le travail temporaire
  2. Créer des mini jobs et des entreprises unipersonnelles : la priorité est de maintenir les actifs sur le marché du travail et éviter qu'ils ne décrochent.
  3. Réforme des agences pour l'emploi.
  4. Indemnisation des chômeurs réduite de moitié, sur une période maximale de 12 mois.

Retour au plein-emploi

Au début des années 2000, le taux de chômage était élevé en Allemagne, culminant à plus de 11 % en 2005, supérieur de 3 points au taux de chômage en France. L'Allemagne était alors considérée comme le "malade" de l'Europe. Mais c'est à cette époque que, sous l'impulsion de Gerhard Schröder, l'Allemagne se réformait pour reconstruire la plus puissante industrie d'exportation à forte valeur ajoutée dans le monde.

Depuis 2006, le taux de chômage recule chaque année de façon spectaculaire.

En 2008, le taux de chômage en Allemagne était déjà passé en dessous de celui de la France. Lorsqu'éclate la crise financière de 2008, le modèle économique allemand réformé était assez solide pour supporter le choc de la crise. En 2009, le taux de chômage allemand a très peu augmenté, alors qu'il explosait en France et au Royaume-Uni.

Dès 2010, l'Allemagne renouait avec une forte baisse du taux de chômage, alors que la France s'enfonçais dans le chômage de masse.

En 2013, avec un taux de chômage ramené à 5 %, l'Allemagne se trouve quasiment en situation de plein-emploie.

Une économie allemande redevenue compétitive 

L'article "Compétitivité allemande, la myopie française", de Frédéric Lemaître dans Le Monde du 13 Février 2011, fait un rappel des chiffres qui illustrent la formidable remontée de compétitivité de l'économie allemande.

  • Selon l'institut COE-Rexecode "les coûts salariaux unitaires, qui tiennent compte de l'évolution relative de la productivité, ont augmenté de près de +3 % entre début 2000 et fin 2007 en France, alors qu'ils reculaient de -11 % en Allemagne. L'écart qui s'est creusé est ainsi de 14 % et suffit à expliquer très largement la divergence de compétitivité."
  • L'hebdomadaire The Economist du 5 février 2011 parle de "miracle allemande". Au cours de la décennie 2000, l'Allemagne est le pays du G7 qui a connu la plus forte croissance du PNB par habitant (+0,9 %), distançant les USA (+0,7 %) et la France (+0,6 %). L'écart de PNB/habitant entre l'Allemagne et la France est passé de +2,86 % en 2000 à +6,50 % en 2010. (Il aurait été juste cependant de rappeler que l'Allemagne perd chaque année des habitants, alors que la France a renoué avec l'équilibre démographique, ce qui biaise de façon importante les ratios apparents de PIB par habitant).
  • La fondation Terra Nova, proche du parti socialiste, explique que le rebond de la compétitivité et des exportations de l'Allemagne s'est fait au détriment d'un appauvrissement des salariés et d'une atonie du marché intérieur. "Cet appauvrissement est réel, le revenu par habitant allemand était supérieur de 15 % à la France en 2000, il est aujourd'hui (Février 2011) inférieur de 10 %"
  • Frédéric Lemaître apporte quelques précisions. "Croire que c'est surtout grâce à la modération salariale que l'Allemagne est plus compétitive que la France sur les marchés mondiaux relève, au mieux, de la myopie. Un technicien travaillant dans l'automobile n'a rien à envier à son collègue français. En revanche, les caissières des supermarchés sont encore plus exploitées en Allemagne, et les emplois de services à la personne y sont payés une misère.
  • Dès 2011, le pouvoir d'achat en Allemagne devrait être récompensé des années de rigueur pour réformer l'économie et restaurer sa compétitivité. Le moral des chefs d'entreprise allemands n'a jamais été aussi haut, et les instituts de prévision misent sur une croissance comprise entre +2,5 % et +3%. Les salariés devraient en profiter. Pour la première fois depuis 1994, le pouvoir d'achat réel a augmenté de +1,1 % en 2010, selon l'institut WSI, proche des syndicats. Volkswagen a conclu, le 8 Février 2011, avec le syndicat IG Metall, un accord prévoyant une hausse de +3,2 % des salaires, en 2011, plus une prime comprise entre 500 t 890 €. Pour remercier les salariés qui ont accepté, en 2009, de passer à temps partiel pendant la crise, plusieurs entreprises, comme Siemens ou Bosch, ont avancé de plusieurs mois les augmentations de 2011. Daimler va distribuer 125 millions d'euros de primes à ses salariés dans le monde, soit près de 1.000 € par personne;

L'article se termine sur une anecdote qui résume la différence culturelle entre les deux pays :

  • Selon le secrétaire d'Etat Pierre Lellouche, le déficit du commerce extérieur français "reflète essentiellement l'évolution de la facture énergétique".
  • Du point de vue de Mme Merkel, le monde n'attend pas l'Allemagne pour innover et il ne saurait être question de se reposer sur ses lauriers.

Si on s'inscrit dans une vision de ces 20 dernières années, après avoir digéré le coût de la réunification allemande, des réformes et le choc de la concurrence asiatique, qui se sont traduits par une réelle atonie du pouvoir d'achat et du marché intérieur, l'économie allemande est la première économie occidentale à sortir de la crise financière de 2008. Elle est désormais en état de marche et a tous les atouts pour renouer avec la prospérité. Comme pour le Japon ou l'Asie du Sud-Est, la Chine n'est plus vu comme un concurrent mais aussi comme le premier partenaire commercial. Les positions des entreprises allemandes sont fortes sur le marché chinois et bénéficient à plein du formidable enrichissement du pays. Inversement, avec la hausse du niveau de vie en Chine et du coût du pétrole , la pression de la concurrence chinoise sera moins forte dans les années 2010 que par le passé.

Prix de l'énergie réduit pour les industriels [3]

Un système d'exonération allège la facture d'énergie aux industriels, en échange d'un tarif un peu plus élevé pour les consommateurs. Le résultat est que l'Allemagne dispose toujours d'une industrie lourde. Le prix de l'énergie est un facteur clé en matière de compétitivité industrielle.

 L'Allemagne importe massivement du charbon des USA pour le substituer au gaz devenu trop cher. Ceci contribue à faire baisser le prix de l'électricité en Allemagne, mais le kilowatt d'origine charbonnière génère 2 fois plus d'émission de CO2 que celui d'origine gazière. (Source Jean-Luc Gréau, économiste, dans l'Expansion de Septembre 2013).

Le 3ème exportateur mondial agricole

L'Allemagne est devenu le 3eme exportateur mondial agricole, derrière les USA et les Pays-BAs.

La France, qui était la premier exportateur mondial en 2006, a été relégué au 4ème rang.

Le village de 2.500 habitants de Rövershagen est célèbre pour ses farises de qualité, produites sous des abris faits d'une longue toile de plastique transparent fixée sur des arceaux métalliques qui permettent d'augmenter les récoltes en gagnat jusqu'à deux mois de production. "A Rövershagen, la saison commence début Mai et se termine en Septembre", explique Nadja Schriever, directrice marketing de l'entreprise Karls.

Le sens du marketing des agriculteurs allemands

300 maisonnettes-fraises sont installées dans le nord de l'Allemagne, à Berlin, Rostock où Lübeck.

Une main d'oeuvre saisonnière d'Europe de l'Est qui gagne en 8 semaines de quoi faire vivre leur famille toute l'année.

L'entreprise Karls recrute 80 cueilleuses, toutes orginaires de Pologne et d'Ukraine.

Producteur de fraises en Westphalie, Gregor Westheus a répondu à un journaliste qui lui demandait combien il rémunérait ses 40 saisonniers roumains : "Ils gagnent en 8 semaines de quoi faire vivre leur famille toute l'année" (en 2011, le smic en Roumanie était de 157,20 € par mois).

Source : Challenges du 19 Décembre 2013 - Odile Benyahia-Kouider auteur du livre "L'Allemagne paiera" (Ed Fayard, 268 pages, 18 €).

 

Les raisons des succès économique de l'Allemagne

Dans le numéro de Janvier 2010 de Capital, Marie Charrel résume les raisons des succès économiques de l'Allemagne.

 

L'héritage des réformes de la législature Schröder (2003-2005) : "l'agenda 2010"

Si l'Allemagne a si rapidement rebondi après le choc de la crise financière de 2008, c'est qu'elle est entrée dans la crise avec une économie bien plus saine que celle de ses partenaires européens.

Dans les années 2010, l'Allemagne touche les bénéfices des réformes entreprises, lancées en 2003 par le chancelier socialiste Schröder. Avec son "agenda 2010", Gerhard Schröder expliquait aux Allemands qu'il falalit "solder 25 ans de promesses intenables" et que l'Allemagne ne pouvait plus, à l'avenir, dépenser plus que ce quelle gagnait. Les Allemands venaient de dépenser 1.500 milliards d'euros (presque le montant de la dette publique française) pour la réunification.

--> A partir de 2003, avec l'entrée en vigueur des lois Hartz les salaires augmentent moins vite que l'inflation.

--> Depuis 2004, la durée de versement des indemnités chômage a été ramenée de 32 mois à 12 mois. Le chômeur reçoit 80 % de son salaire pendant un an puis l'équivalent du RSA, soit un peu plus de 350 euros. Un chômeur de longue durée qui refuse un emploi ne correspondant pas à ses qualifications subit une réduction de ses allocations.

--> L'assurance-maladie a été ramenée à l'équilibre puis l'excédent (4 MD € en 2007) à coups de déremboursement et de mise en concurrence des caisses.

--> En 2007 l'âge de la retraite est passé de 65 ans à 67 ans.

--> Plus de fléxibilité dans le monde du travail : les licenciements deviennent plus simples,  recours au chômage partiel et au travail à temps partiel.

Angela Merkel impose la rigueur budgétaire

Gerhard Schröder sauve l'Allemagne mais perd les élections. Ce qui ne change rien à la politqiue des pouvoirs publiques, car Angela Merkel poursuit les réformes de Schröder en imposant la rigueur budgétaire :

--> Les charges sociales (patronales et salariales) sont gelées.

--> L'augmentation des dépenses médicales - dans un pays vieillissant - est désormais à la charge des patients ou financée par la TVA "sociale" (Merkel a augmenté le taux de TVA de 16 % à 19 %)

--> Les effectifs des collectivités locales ont diminué de -30 % en vingt ans, alors que pendant la même période ils augmentaient de +40 % en France. En 2011, il y a 50 agents publics pour 1.000 Allemands, contre 90 en France. Les salaires de la fonction publique ont augmenté de +35 % en 10  ans en France et de seulement +17 % en Allemagne. 

Une Allemagne riche de son travail

Si l'Allemagne renoue avec la prospérité, c'est qu'elle s'est remise au travail au sens propre du terme :

  • Les 42 heures sont la règle dans le secteur public.
  • Plusieurs jours fériés ont été supprimés.
  • L'âge de départ à la retraite sera repoussé à 67 ans en 2019.

Un pays qui prend soin de sa force de travail

  • Apprentissage tout au long de la vie active.
  • Postes de travail adaptés aux seniors
  • Charge de travail allégée, avec maintient des salaires, pour les seniors

Un pays qui fait appel aux travailleurs étrangers

Pour compenser le déclin démographique l'Allemagne fait appel aux travailleurs étrangers, que ce soit des emplois saisonniers agricoles ou des emplois qualifiés (ingénieurs, informaticiens). Tout le contraire de la France, qui ayant perdu la valeur du travail, organise au plus haut sommet de l'Etat la chasse aux étrangers qualifiés (circulaire Guéant), tout en ouvrant grande ses portes aux immigrés non qualifiés sous la pression des associations dites "humanitaires".

Un plan de relance massif, ciblé et aux effets immédiats

Avec 82 MD €, le plan de relance allemand a été de loin le plus colossal d'Europe (26 MD € en France et 23 MD € au Royaume-Uni)

L'Allemagne a privilégié des mesures ciblées, simples et aux résultats rapides. Par exemple, pour soutenir la trésorerie des entreprises Berlin a débloqué une enveloppe de 15 MD € pour garantir les prêts des PME. Rien de plus, mais effet radical.

Les pouvoir publics investissent dans les secteurs d'avenir

Angela Merkel a consacré 19 % de son plan de relance, soit 15,5 MD €, aux énergies renouvelables.

Pour créer des débouchés immédiats à ce nouveau secteur industriel, elle a engagé sans délai la remise aux normes environnementales de centaines d'écoles et de bâtiments publics.

Politiquement, la mesure est habile. Alors que depuis 1989, le pays privilégiait le rattrapagnes de l'ex RDA, c'est une première-ministre originaire de l'Est qui rénove les infrastructures vieillissantes de l'Ouest.

Les entreprises allemandes investissent pour trouver de nouveaux débouchés sur les marchés émergents

Durant les années 90 et 2000, les entreprises allemandes ont beucoup investi dans les pays de l'Est et la Chine.

"Les exportations vers le Brésil, l'Inde, la Chine et l'Europe de l'Est pèsent désormais 12 % du PIB allemand, contre moins de 4 % en France" observe Sylvain Broyer, en précisant que l'écart devrait encore se creuser ces prochaines années.

Lors du déclenchement de la crise financière de 2008, les entreprises du secteur automobile ont été les premières à réagir.

Pris à la gorge par la baisse de ses ventes, le fabricant de moteurs ElringKlinger a dopé son budget de recherche de 16 % en 2009. Il est parvenu à faire évoluer sa technologie de piles à combustibles pour l'adapter à la production de chauffage résidentiel, dont la forte croissance permet de compenser le recul du marché automobile.

De son côté, le fabricant de phares Hella a modifié ses éclairages LED afin d'en faire des lampadaires publics à basse consommation.
"C'est en partie grâce à ce genre d'actions que le pays souffre aujourd'hui moins que les Etats-Unis de la crise automobile, malgré les déboires d'Opel" estime l'économiste Isabelle Bourgeois.

Une industrie constituée de grosses PME innovantes et exportatrices

L'industrie de l'Allemagne est constituée à 80 % de grosses PME familiales (moins de 500 salariés), innovantes et leader dans les exportations de biens d'équipements haut de gamme. Ces grosses PME pèsent 53 % du PIB de l'Allemagne.

Contrairement aux TPE, elles ont la taille suffisante pour jouer un rôle leader au niveau mondial sur leur spécialité.

Contrairement aux énormes entreprises mondiales, elles restent très réactives et leur actionnariat familial leur permet d'avoir une politique de développement sur le long terme. Elles ont délocalisées dans les pays de l'Est, mais sans casser l'outil industriel national (l'industrie représente encoe un tiers du PIB Allemand, contre moins de 20 % en France). Le maintient d'une base industrielle nationale explique un taux d'investissement dans la recherche plus important (1,8 % du PIB allemand, contre 1,3 % en France).

En quelques années, par exemple, le Schleswig-Holstein, Land du nord de l'Allemagne, est devenu le numéro 1 mondial de la production d'énergie éolienne.

A l'Ouest, le Bade-Wurtemberg consacre 4 % de son PIB à la recherche et détient le record d'Europe de la région la plus innovante. Là-bas, une trentaine de centres de recherche subventionnés par des fondations publiques ou privées sont à la disposition des milliers d'entreprises locales qui veulent développer leurs produits.

Dans la plupart des régions, un ou plusieurs pôles d'innovation de réputation mondiale ont vu le jour :

--> biotechnologies en Bavière

--> éolien dans le Schleswig-Holstein

--> high-tech dans le Bade-Wurtemberg

Ce tissu de grosses PME irrigue l'ensemble du territoire allemand.

En plus des aides publiques, les PME germaniques peuvent compter sur le soutien financier des multinationales. Les labos des grands groupes comme Panasonic ou Siemens accueillent des salariés des PME, pour développer ensemble de nouvelles inventions, dont ils partageront les bénéfices.

C'est en partie grâce à ces échanges de bons procédés, monnaie courante dans le pays, que les PME allemandes trustent les places de leaders mondiaux dans plus d'une centaine de secteurs de pointe.

Une industrie structurellement positionnée sur les pays en forte croissance

L'Allemagne est le leader mondial des secteurs industriels dont ont le plus besoin les pays en forte croissance.

  • machines outils
  • industrie mécanique
  • industrie chimique

Cogestion, pragmatisme et union nationale

Cogestion avec les syndicats

En Allemagne, les débats politiques peuvent être aussi vigoureux qu'ailleurs, mais une fois qu'une décision est prise, les polémiques cessent et tout le monde se met au travail. La réussite de l'Allemagne dans son ensemble est considérée comme plus importante que de faire échouer l'adversaire politique.

Les Syndicats pratiquent la cogestion. "Grâce à cela, les coûts salariaux unitaires n'ont crû que de 4 % entre 1998 et 2008, contre 19 % en moyenne dans la zone euro" calcule Dierk Hirschel, économiste au syndicat DGB. Résultat : 1 million de salariés ont pu bénéficier du chômage partiel, 500.000 emplois ont été sauvés et le taux de chômage a été contenu.

"Le problème, c'est que tout cela s'est fait au détriment du pouvoir d'achat, qui stagne depuis 2000", nuance Catherine Stephan, de BNP Paribas.

 Gouvernement d'Union nationale

Alors que dans la France de la Vème République la cohabitation ne marche pas, le Président de la République cherchant à faire échouer le gouvernement de son Premier Ministre, au contraire les coalitions gouvernementales en Allemagne expriment une véritable union nationale face aux difficultés que doit surmonter le pays.

APrès sa victoire d'Angela Merkel aux élections de 2013, il a fallu 95 jours pour mettre en place la coalition, mais au final le 15 Décembre 2013 le président du SPD Sigmar Gabriel est nommé vice-chancelier et Ministre de l'Economie et de l'Energie (avec la lourde charge de gérer la transition énergétique après l'abandon du nucléaire exigé par la gauche).

 1/3 des états majors des entreprises sont issus de l'apprentissage (1)

Selon Serge Zimmerlin, vice-président groupe de SGD (ex Saint-Gobain Desjonquières) "les états-majors issus de l'apprentissage représentent 30 % à 40 % de l'encadrement en Allemagne. Cette prédominance d'ex-apprenti au sein de l'élite est déterminante pour la confiance des salariés".

Pour François Nogué, directeur des ressources humaines groupe et cohésion sociale de la SNCF, qui a pu observer la Deutsche Bahn, "l'image de l'entreprise est différente lorsque le patron est issu de l'apprentissage; et cela permet une meilleure gestion grâce à une connaissance de la qualité du travail et des résistances au changement".

Bonne gestion des finances publiques

L'Allemagne est entrée dans la crise avec des finances publiques saines.

En 2007, Angela Merkel a fait passer le taux de TVA de 16 % à 19 %, la moitié de cette hausse étant consacrée à la réduction du déficit budgétaire.

Cet effort demandé aux consommateurs s'est accompagné d'un effort auprès de son administratrion, Une impitoyable chasse aux gaspillages a supprimé les déplacements en avion inutiles, les frais de bouche et autres dépenses non justifiées. En Septembre 2009, la Ministre de la santé, Ulla Schmidt, a été renvoyée pour avoir osé utiliser sa voiture de fonction pendant ses vacances en Espagne.

Ouverture à la concurrence des professions réglementées

L'Allemagne a beaucoup réformé pour se mettre en conformité avec la directive européenne des servicesde 2006, qui oblige les Etats de l'Union à ouvrir largement à la concurrence les professions réglementées.

Une économie allemande portée par le laxisme de ses partenaires européens.

Au sein de la zone euro, la rigueur allemande a eu des résultats d'autant meilleurs que ses partenaires du sud, par leur mauvaise gestion, ont beaucoup perdu en compétitivité.

Lorsque la France reproche à l'Allemagne d'être trop rigoureuse, c'est un peu comme si le mauvais élève de la classe reprochait au meilleur élève de trop travailler.

L'Allemagne répond qu'il n'y aurait pas de problèmes si tous les pays de la zone euro étaient aussi rigoureux qu'elle. C'est oublier que si tous les pays européens étaient aussi rigoureux que l'Allemagne, celle-ci perdrait une partie importante de l'excédent commercial qu'elle réalise au sein de la zone euro.

Mais 60 % des exportations de l'Allemagne se font à l'intérieur de la zone euro. Les décideurs allemands ont pris conscience que le sauvetage de la zone euro est vitale pour l'économie allemande.

Pour que l'ensemble de l'Europe reparte de l'avant, il faudrait à la fois que les pays laxistes se réforment et que l'Allemagne relache un peu la pression sur ses ménages, ne serait ce que pour remédier à son énorme problème de fécondité.

Une administration allégée et efficace [2]

  • L'Allemagne compte deux fois moins de fonctionnaires pour 1.000 habitants que la France.
  • L'Allemagne paie ses enseignants en début de carrière deux fois plus que la France (mais ils travaillent plus).

La sur-évaluation de l'€uro est bénéfique pour l'Allemagne.

Leader sur des segments de marchés très qualitatifs, les exportations allemandes sont peu sensibles à la sur-évaluation de l'€uro.

Inversement, cette sur-évaluation de l'€uro diminue les importations en valeur.

Au final, la sur-évaluation de l'€uro contribue a augmenter le solde extérieur de l'Allemagne en valeur.

2012 : Retour de la prospérité

En 2012, le taux de chômage baisse à 5,4 % selon le FMI. Les salaires retrouvent du pouvoir d'achat en augmentant plus vite que l'inflation.

 

Les 10 clés de succès des entreprises familiales allemandes

1- Le pari de la qualité et de la spécialisation

Les PME allemandes investissent en moyenne 3,25 <ù de leurs revenus, soit un taux largement supérieur aux 2 % recommandés par Bruxelles.

1.307 PME allemandes sont les leaders mondiaux de leur activité, contre à peine 75 en France.

Les PME allemandes se diversifient uniquement sur des secteurs où elles peuvent capitaliser sur leur expertise.

2 - Des relations sociales flexibles

3 - Une transmission d'entreprise planifiée au plus tôt

95 % des PME allemandes sont familiales.

Les enfants qui reprendront l'entreprise doivent faire leurs preuves à l'extérieur, puis gravir les échelons à l'intérieur de l'entreprise comme un salarié du même niveau.

Les autres descendants sont généralement désintéressés par des dispositifs contractuels de mise en société collective et de fondation avec ou sans droit de vote, afin de préserver l'unité de direction et de ne pas diluer l'actionnariat.

 4- Des dispositifs d'apprentissage et d'alternance bien rodés

5- Des exportateurs sans complexes

6- Des produits délocalisés estampillés "made in Germany"

7- Une croissance maîtrisée

Pas de croissance à 2 chiffres qui oblige à s'endetter lourdement.

Pas de clients réalisant plus de 10 % du chiffre d'affaires.

8 - Une coopération poussée malgré la concurrence

La coopération entre les entreprises peut être pilotée par des entités juridiques indépendantes dans les domaines tels que ls achats, le marketing, la logistique, les solutions informatiques, et de télécommunications, le conseil, la formation ou le financement".

9 - Un système bancaire au service des PME

Près de la moitié des PME peuvent financer leurs investissements sur leurs fonds propres.

Les banques allemandes sont décentralisées et accompagnent les PME de leur région.

10 - Une grande prudence à l'égard des investisseurs.

Pour conserver la maîtrise de leur stratégie, les PME allemandes ne font pas appel à des investisseurs financiers.

Source : L'Expansion - Février 2014 - Les 10 clés du succès des entreprises familiales allemandes - Frédéric Thérin

 

Hausse de la pauvreté

Les sacrifices ont été considérables de 2003 à 2010 :

  • Diminution des indemnités de chômage
  • Précarité de l'emploi
  • Banalisation des bas salaires et du travail précaire (interim, temps partiels, petits boulots)
  • Le smic n'existe pas en Allemagne et nombreux sont les travailleurs qui gagnent moins de 400 € par mois.
  • Selon l'Office des Statistiques, 40 % des jeunes doivent se contenter d'un emploi mal rémunéré.
  • La baisse des pensions de retraite a généré une hausse de la pauvreté chez les retraités.

Le taux de pauvreté a augmenté fortement de 10 % de la population en 2003 à 15 % en 2007.

En 2003, entrent en vigueur les premières lois Hartz de réforme du marché du travail.

En 2005 la réduction des indemnités de chômage et l'obligation pour les demandeurs d'emploi de longue durée d'accepter des emplois en dessous de leurs qualification se traduisent par une baisse de revenu des actifs les plus fragiles.

Alors qu'en 2008, l'Allemagne aurait du pouvoir bénéficier des efforts consentis pour les réformes des années 2000, le déclenchement de la plus grave crise économique depuis les années 30, le taux de pauvreté continue de croître légèrement.

 

 En 2003, avec son "Agenda 2010" l'Allemagne a choisi de privilégier la sauvegarde des emplois au détriment des salaires, provoquant une baisse du pouvoir d'achat des salariés durant la décennie suivante.

Mais ce faisant, l'Allemagne a sauvé son industrie et retrouvé le chemin de la croissance économique. En 2013, le chômage est au plus bas et les salariés obtiennent les hausses de salaires récompensant leurs efforts.

 

 

Déclin démographique

Vieillissement de la population.

Depuis 2010 les plus de 65 ans sont plus nombreux que les moins de 20 ans.

1,3 millions de postes vacants

Un tiers des entreprises disent que le plus grand risque pour leur développement est le manque de main d'oeuvre. En 2003, il y avait 1,3 millions de postes vacants, dont 60.000 ingénieurs, 25.000 informaticiens, 20.000 médecins, infirmiers et sages femmes.

50,5 ans : Age moyen des ingénieurs en 2013

Les ingénieurs allemands sont âgés. Même s'ils partent à la retraite à 67 ans, le vieillissement des ingénieurs allemands auran un impact inéluctable sur l'innovation, car c'est en début de carrière que se font les découvertes.

Blocage culturel sur la place des femmes avec enfants dans la vie active. les plus de 

 Alors que la société allemande est en avance sur le dialogue social, elle reste archaïque en ce qui concerne la place des femmes avec enfant dans la vie active.

  • 40 % des femmes avec bac + 5 n'ont pas d'enfants, y compris la chancelière Angela Merkel.
  • 70 % des allemandes travaillent, mais 40 % doivent prendre un temps partiel car elles doivent récupérer leurs enfants à 16 heures.
  • Une politique familiale abérante qui verse jusqu'à 2.800 € aux mères qui cessent de travailler, n'investit pas dans les crèches et ne verse aucune aide aux gardes d'enfants, alors que le déclin du nombre d'actifs fragilise l'économie allemande. 

 

Sortie du nucléaire

 

 

 


sources :

(1) Le Monde du 17 Avril 2012 - Comment les entreprises allemandes arrivents-elles à motiver leurs salariés - Anne Rodier.

Le Point n° 2045 - 24 Novembre 2011

Michel Didier et Gilles Koléda : "Compétitivité : France-Allemagne, le grand écart" - Economica

Bernard de Montferrand et Jean-Louis Thiériot : "France-Allemagne, l'heure de vérité" - Tallandier

[2] Le Point n° 2104 - 10 Janvier 2013 - page 5 - Franz-Olivier Giesbert

[3] Le Point 2126 - 13 Juin 2013 - page 51 - Gérard Collomb


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