Marchés potentiels
Modélisation de la demande des ménages par secteurs d'activité.
 

1 Conjoncture

2 Déclin structurel de l'économie française

Statistiques peu connues

Cinéma

Distribution

Economie

Management

Citations

Sources documentaires

Glossaire

A lire

Sites à voir

L'Union Européenne

La fin de l'ascenseur social

Génération apparatchiks

Immigration

Management

Intelligence artificielle


Pays : Forces et faiblesses de la France

 

 

Nulle part au monde le fossé n'est aussi béant entre les atouts et les performances de l'économie française.

Déjà sous l'Empire Romain, la Gaule était l'une des région les plus densément peuplées, les plus prospères,les plus ingénieuses, culturellement et économiquement les plus développées. Ses trois façades maritimes lui ouvrent le monde Méditerranéen, l'Europe du Nord et l'Atlantique.

C'est le seul pays a avoir été depuis Clovis une grande puissance européenne. Par contre, n'ayant jamais pu accéder au rang de première puissance mondiale, la France a toujours contesté les puissances qui l'ont privé de ce titre au cours des siècles :

  • L'Espagne au XVIe siècle.
  • La Hollande au XVIIe siècle.
  • L'Angleterre au XVIIIe et XIXe siècles
  • L'Amérique au XXe siècle

Contrairement aux Hollandais, aux Anglais, aux Américains et aux Chinois de ce début du XXIè siècle, la France a été tout au long de l'histoire culturellement incapable de devenir leader dans la modernité portée par la liberté individuelle.

Nicolas Baverez estime que la France est bien poistionnée pour capter les futures sources de croissance, secteurs où elle dispose de compétences fortes  :

  • Equipement des mégalopoles qui vont structurer la mondialisation (urbanisme, infrastructures, environnement....)
  • Gestion des services publics dans les économies émergentes
  • Le tourisme
  • La santé dans une Europe vieillissante et dans le monde en développement.

 

 

Les atouts de l'économie française

La plus forte natalité de l'Union Européenne

Un haut niveau scientifique

L'énergie nucléaire

L'attractivité du territoire

La qualité de la main d'oeuvre

Le pays d'Europe qui compte le plus grand nombre de groupes internationaux.

La France consolide sa position de 2ème économie européenne, mais se fait distancer par l'Allemagne.

Un taux d'épargne élevé

Un climat qui lui procure le potentiel d'une grande puissance agricole

 

L'attractivité du territoire

Dans une économie mondialisée, les Etats jouent un rôle déterminant dans "l'attractivité des territoires". Historiquement, la France est l'une des principales destinations des investissements étrangers grâce à :

  • La qualité des infrastructures.
  • La sécurité juridique : la France est un Etat de droit, même si la législation reste trop complexe et instable.
  • La position géographique, au centre de gravité des marchés européens.

Depuis 2012, pour la première fois les investisseurs internationaux se détournent de la France. Mais l'attractivité du territoire reste structurellement favorable à la France et les investisseurs internationaux reviendront dès le rétablissement d'un climat de confiance.

La qualité de la main d'oeuvre

Même s'il est vraie que la France a perdu son excellence scolaire, selon l'enquête PISA, le niveau de la France reste dans la moyenne. Les meilleures écoles et universités continuent de former des chercheurs, des ingénieurs et des cadres de haut niveau.

Le véritable problème est que la France est le pays développé qui a la plus faible équité des possibilités d'apprentissage. C'est en fait l'un des systèmes les plus inégalitaire au monde, seuls quelques petits pays pauvres d'Europe de l'Est (République Slovaque, Hongrie) ou d'Amérique du Sud (Chili, Uruguay, Pérou) faisant légèrement pire.

Le pays d'Europe qui compte le plus grand nombre de groupes internationaux

Dans le classement Fortunes des 500 plus grandes entreprises mondiales (par le chiffre d'affaires), la France est le pays d'Europe qui compte le plus de multinationales :

2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005
USA 132 133 139 140 153 162 170 176
China 73 61 46 37 29 24 20 16
Japan 68 68 71 68 64 67 70 81
France 32 35 39 40 39 38 38 39
Germany 32 34 37 39 37 37 35 37
Britain 26 30 29 26 34 33 38 35
Switzerland 15 15 15 15 14 13 12 11
South Corea 13 14 10 14 15 14 12 11
Netherlands 12 12 13 12 13 14 14
Canada 11 11 11 14 14 16 14 13
Italy 9 10 11 10 10 10 10 8
Australia 9 8 8 9 8 8 8 9
Brazil 8 7 7 6 5 5 4 3
India 8 8 8 7 7 6 6 5
Spain 8 9 10 12 11 9 9 8

Fortunes Global 500 en 2011

Fortunes Global 500 en 2012

Grâce à ses multinationales, la France conserve sur son territoire des centres de recherche et développement, d'autant plus que les ingénieurs formés dans les grandes écoles et les universités françaises restent d'un haut niveau.

  • Aéronautique : Airbus
  • Aérospatiale
  • Agroalimentaire : Bongrain, Danone
  • Automobile : Peugeot, Renault, Valeo (sous-traitant)
  • BTP : Bouygues, Lafargue, Saint-Gobain
  • Communication et publicité : Havas, Pubicis, Vivendi
  • Cosmétiques : L'Oréal
  • Electronique : Thalès
  • Energie : EDF, GDF Suez
  • Foncière : Foncière Euris
  • Grande distribution : Auchan, Carrefour
  • Hôtellerie : Accor
  • Industrie pharmaceutique : Sanofi 
  • Ingénierie, infrastructures et équipement  pour le secteur de l'énergie : Alstom, Legrand, Schneider Electric (leader mondial de l'efficacité énergétique), Technip, Vallourec
  • Infrastructures et équipements pour les transports : Vinci
  • Luxe : Hermès, Kering, LVMH, Christian Dior
  • Nucléaire :
  • Optique : Essilor
  • Pétrole et gaz : Air liquide, Total
  • Pneumatique : Michelin
  • Telecom : France Telecom
  • Transport ferroviaire : SNCF
  • Services financiers : Axa, BNP Paribas, CNP Assurances, Crédit Agricole, Groupe BPCE, Société Générale
  • Services Postaux : La Poste
  • Services aux collectivités : Veolia environnement (eau, déchets...)
  • Vins et alcools : Pernod Ricard
Global
500
rank
2012 2011
1 Total 11 11
Axa 25 14
BNP Paribas

30

26
GDF Suez 33 38
Carrefour 39 32
Crédit Agricole 58 43
Société Générale 67 72
EDF 73 68
Peugeot 85 90
10 Groupe BPCE 103 97
France Telecom 141 121
Groupe Auchan 149 142
Renault 158 163
Saint-Gobain 161 155
CNP Assurances 182 130
Vinci 183 192
Foncière Euris 200 217
Sanofi 201 187
Veolia ENvironnement 202 175
20 Bouygues 218 206
SNCF 219 209
Vivendi 257 225
La Poste 320 306
Christian Dior (LVMH) 322 344
Air France - KLM Group 324 308
Schneider Electric 353 374 Schneider Electric a délocalisé ses dirigeants à Hong-Kong.
Michelin 382 411
L'Oréal 391 378
Alstom 404 348 Alstom absorbé par Siemens en 2014
30 Danone 411 433
Lafarge 480 455 Lafarge délocalisé en Suisse après sa fusion avec Holcim
32 Sodexo 495 470
Groupama > 500 420
Kering (PPR) > 500 421
Alcatel-Lucent > 500 461

Alstom, Pechiney et Usinor ont été rachetés par des groupes étrangers.

Lafarge a délocalisé son siège social en Suisse.

Publicis a délocalisé son siège social aux Pays-Bas.

Schneider Electric a délocalisé ses dirigeants à Hong Kong.

EADS : siège social aux Pays-Bas

 

Les 5 locomotives de l'industrie française

Chiffre d'affaires en MD €

secteur d'activité 2002 2011 hausse
Luxe 11,0 31,0 20,0
Aéronautique 24,6 38,0 13,4
Télécoms 35,0 40,2 5,2
Banque 77,0 141,0 64,0
Construction 102,0 160,0 58,0

Source : Les Echos dans Le Point du 12 Avril 2012

La France consolide sa position de 2ème économie européenne, mais se fait distancer par l'Allemagne

Les échanges des pays européens vers la Chine sont un bon indicateur de leur réelle puissance économique.

L'Allemagne retrouve son rang de premier exportateur mondial de produits de haute technologie.

La France consolide son rang de 2ème économie européenne, mais se fait distancer par l'Allemagne qui exporte 5 fois plus vers la Chine.

Les échanges de l'Italie avec la Chine traduisent bien léclatement du pays entre un Nord qui reste au niveau de la France, voire de l'Allemagne, et un Sud qui se compare plus à la Grêce : les exportations italiennes vers la Chine ne sont pas très éloignées de celles de la France, mais les importations sont plus importantes.

Le Royaume-Uni a abandonné ses ambitions industrielles et voit ses exportations vers la Chine dépassées par celles de l'Italie, alors que les importations atteignent des montant vertigineux.

Les ports de la Belgique et de la Hollande sont les portes d'entrées des produits chinois sur les marchés européens.

La Suède et la Finlande sont des petits pays dotés d'une industrie très spécialisée sur quelques niches industrielles de haute technologie.

L'Espagne n'a pas su devenir une puissance industrielle : elle importe plus de produits chinois que la France, alors qu'elle exporte 4 fois moins. C'est l'échec du modèle de développement du début des années 2000 fondé sur l'immobilier.

 

Echanges avec la Chine de Janvier à Octobre 2011

rang

exportation

Exportations

vers la Chine

Importations

de produits chinois

Solde commercial

avec la Chine

Allemagne 53,3 MD € 53,9 MD € -0,6 MD €
France 10,9 MD € 20,7 MD € -9,8 MD €
Italie 8,3 MD € 25,5 MD € -17,2 MD €
Royaume-Uni 7,9 MD € 31,6 MD € -23,7 MD €
Belgique 6,0 MD € 11,9 MD € -5,9 MD €
Pays-Bas 5,5 MD € 41,6 MD € -36,1 MD €
Suède 3,7 MD €
Espagne 2,8 MD € 13,3 MD € -10,5 MD €
Autriche 2,3 MD €
Finlande 2,2 MD €

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

source : EUROSTAT dans le Monde du 16 Avril 2012

L'énergie nucléaire

S'il peut y avoir un débat légitime sur les risques d'accident nucléaire et de pollution lié aux déchets nucléaires, il n'en reste pas moins que le nucléaire assure une indépendance nationale en ce qui concerne l'électricité, réduit les émissions de CO2 et permet de réduire le prix de l'électricité : 

  • Le nucléaire fournit 75 % de la production électrique en France. Avec les 12 % de l'électricité fournit par les barrages et les 1,6 % par les éoliennes et le solaire, c'est 89 % de la consommation électrique française qui est assurée par des équipements nationaux et non émetteurs de CO2.
  • Le parc nucléaire permet de limiter le poids des centrales thermiques polluantes en France à 11 % de la production d'électricité, contre 55 % en Allemagne.
  • Le prix de l'électricité est 2 fois moins cher en France par rapport à l'Allemagne.
Pays

Prix de vente de l'électricité en 2013

centimes d'€uros par KWH

Par du nucléaire 

dans la production électrique

Remarques
Suède 6,31 40 % énergie hydraulique : 45 %
USA 7,13 20 % gaz de schistes
France 7,61 75 %
Belgique 9,00 51 %
Slovaquie 9,31 52 %
UK 10,41 18 %
Allemagne 14,38  16 % en 2012
Italie 15,72 0 %

source : NUS dans Challenges du 6 Mars 2014

 

Prix de vente de l'électricité en €uros / kwh ttc

Allemagne France

Particuliers

2500 à 5000 KWh

0,29 0,14

Petits industriels

 

0,21 0,12

Gros industriels

20 MWh à 500 MWh

0,14 0,07

source : Eurostat dans Challenges du 6 Mars 2014

 

Sur le long terme, le coût de l'énergie nucléaire sera plus élevé que ce qui avait été dit par les technocrates des années 70. Un rapport de la Cours des Comptes révèle que le coût final du démantèlement de la petite centrale de Brennilis, arrêtée en 1985, pourrait atteindre 482 millions d'euros, soit 20 fois plus que la facture initialement prévue.

Ceci explique que la très grande majorité des 58 réacteurs d'EDF, prévus pour une durée de vie 30 ans, devraient voir leur exploitation prolongée d'une décennie. En 2013, l'âge moyen du parc nucléaire a atteint 28,7 ans. A partir de 2024 les chantiers de démantèlement devraient se multiplier, pour une durée de 30 ans et un coût largement supérieur aux provisions réalisées par les opérateurs. A partir de 2024 la France devrait perdre son avantage compétitif sur le prix de l'énergie électrique.  

 Prix de production des énergies (en par MWh

Nucléaire existant 50
Charbon 60
Gaz 65
Eolien terrestre 80
Nouveau nucléaire britannique 109
Eolien offshore 130
Photovoltaïque 200

Source : CAPGEMINI dans Challenges du 6 Mars 2014

 

 

 

 

Les faiblesses de l'économie française

Des dizaines de rapports et d'études, des milliers de pages ont radiographié avec précision l'économie française et sont arrivées au même diagnostic. D'un côté un Etat qui dépense trop d'argent, de l'autre un secteur privé qui n'en gagne pas assez, avec comme résultat un quadruple déficit :

Pierre-Antoine Delhomais dans Le Point 28 AOût 2014

 

Une classe politique défaillante

Le trop d'Etat

La perte de compétitivité provoque déclin industriel de la France depuis 2000

Un nombre d'emplois marchands en 2014 au niveau de 2004

Une production industrielle au niveau de 1994

Une culture nationale hostile à l'entreprise

La France a perdu son excellence scolaire

Un jeune sur cinq quittant le système scolaire sans savoir lire, écrire et compter

Une société qui a perdu le sens de l'intérêt général

Difficultés à intégrer les immigrants africains et musulmans

 

 

 

 

Une classe politique défaillante

Les élus sont :

  • trop blancs
  • trop masculins
  • trop vieux
  • trop fonction publique
  • trop 100 % politiques, sans autres expériences professionnelles
  • dépourvu de toute culture économique

Les périmètres ministériels sont modifiés à chaque remaniement.

 

 

Le trop d'Etat

Trop d'élus, peu compétents et mal payés

"618.384 élus (selon la fondation Ifrap), soit 1 pour 104 habitants - record mondial -, qui se partagent les subsides de l'Etat. Résultat, des cohortes de coureurs de mandats qui gagnent trop peu pour les responsabilités qu'ils exercent. Pour la même raison, ces derniers sont aussi très mal entourés. Les parlementaires français paient au lance-pierre des collaborateurs pas toujours qualifiés, alors que les sénateurs américains ont des cabinets très professionnels. Il suffit de rendre visite à certains d'entre eux à Washington pour se rendre compte du gouffre qui les sépare de nos représentants. Le financement public de la politique fonctionne par irrigation : tous azimuts et sans contrôle, ce qui autorise tous les tripotages.

Imaginons un système politique nouveau : moitié moins d'élus, mieux payés, avec des collaborateurs de plus haut niveau. Avec ou sans cumul des mandats, ce ne sera plus la question. Des politiques plus consistants, plus responsabilisés, capables de réformer". - Source : Etienne Gernelle dans le Point 26 Juin 2014

Des fonctionnaires trop nombreux et sur-protégés.

2012 : La faillite d'un modèle de croissance à crédit

Selon Nicolas Baverez, dans le Point du 19 Janvier 2012, la dégradation de la notation financière de la France sanctionne la faillite d'un modèle de croissance à crédit.

La croissance potentielle est inférieure à 1 % du fait de l'euthanasie des entreprises, du travail, de l'investissement et de l'innovation. Ceci est le résultat de l'épuisement d'un modèle de croissance à crédit, fondé sur la consommation alimentée par des transferts sociaux, eux mêmes financés par la dette publique. 

Dette : 86 % du PIB avec une hausse de 640 MD€ entre 2007 et 2011

Dépenses publiques : 56,6 % du PIB

Recettes publiques  : 49,0 % du PIB

Transferts sociaux   : 33,0 % du PIB

Dépendante des marché financiers étrangers, le piège de la dette publique se referme. [6]

Les banques centrales occidentales inondent les marchés de liquidités pour contrecarrer les effets déflationistes.

Mais les marchés financiers fuient la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Italie pour se réfugier dans les autres pays de la zone €uro, notamment la France.

Malgré son fort déficit budgétaire et l'absence de réformes structurelles, les obligations de l'Etat Français bénéficient de taux historiquement très bas :

taux moyen des Emprunts de l'Etat Français

1998-2008 4,15 %
2011 2,80 %
2012

1,86 %

2013 1,54 %

sourcre Le Point - 20 Août 2014

Mais la France, dernier pays d'Europe a ne pas avoir encore réellement réformé son système social, est en première ligne face à la spéculation internationale.

La FED commence à éponger le surplus de liquidités et l'Espagne a retrouvé sa compétitivité.

Une hausse de 1 point des taux d'intérêts se traduit par 3 milliards d'euros de charges supplémentaires.

Prise entre l'explosion du coût de la dette et la stagnation économique, le piège de la dette pourrait se refermer sur la France dans un avenir proche.

La France est particulièrement exposée, car sa dette est souscrite à très court terme et se trouve détenue à 63 % par des investisseurs étrangers. Elle est de loin le pays qui a le plus faible taux de détention par des résidents :

  • 92 % au Japon
  • 71 % au Royaume-Uni
  • 66 % aux USA
  • 50 % environ en Allemagne
  • 37 % en France en 2012, contre les 23 % en 1998.

La fuite en avant des pouvoirs publics dans une économie financée par la dette nécessite chaque année de trouver des sommes de plus en plus colossales sur les marchés financiers. Depuis le début des années 2000, 21 Spécialistes en Valeurs du Trésor escortent régulièrement quelques hauts gradé de Bercy dans le monde entier, pour louer la solvabilité du pays auprès des fonds de pension ou des caisses de retraites. Ce duo Trésor-traders fonctionne tellement bien qu'il a permit une explosion de la dette de l'Etat Français détenue par l'étranger.

L'internationalisation de la dette publique française a été favorisée par la création de l'euro, par la déréglementation financière et par la désintermédiation, qui a donné au système financier, notamment aux banques, le monopole de son placement. Cette internationalisation a conduit le Trésor à multiplier les produits et à privilégier les émissions à court terme. Au cours des deux prochaines années 2013 et 2014, le Trésor devra trouver 400 MD€ pour financer les déficits de l'Etat, mais aussi et surtout pour faire face aux remboursements.

Avec une dette publique de 91 % du PIB en 2012, la France a déjà passé le seuil à partir duquel la charge de la dette pèse négativement sur l'investissement et l'emploi.

Mais la France se trouve dans la moyenne des pays de l'OCDE. Le Japon a une dette publique de 225 % du PIB, mais financée 92 % par les Japonais eux-mêmes pour un taux d'intérêt réel quasi nul.

Solutions pour résorber les déficits publics :

Les expériences internationales montrent que les programmes de réduction de la dépense traduisent un engagement plus pérenne qu'une hausse de la fiscalité.

Ce qui compte, c'est la réduction des dépenses inefficaces (niches fiscales et sociales).

Etendre la politique de réduction des dépenses publiques aux collectivités territoriales.

Solutions pour renationaliser la dette publique :

Nathalie Kosciusko-Morizet (Députée UMP de l'Essonne), Nicolas Hulot (Président de la Fondation pour la nature et l'homme), Jean-Pierre Chevènement (Sénateurs, président d'honneur du MRC) Frédéric Salat-Baroux (ancien secrétaire général de l'Elysée), Jean-Michel Quatrepoint (journaliste économiste) René Ricol (ancien commissaire général à l'investissement, chargé de l'emprunt national) recommandent de renationaliser la dette publique.

Les Français ont un taux d'épargne élevé (17 % du revenu annuel disponible en 2012) et un patrimoine financier considérable (3500 MD€), soit 3 fois la dette détenue par les investisseurs étrangers (1.150 MD€ en 2012).

Les particuliers pourraient souscrire des titres de longue durée auprès du Trésor. côtés en Bourse afin d'assurer la nécessaire liquidité. Les épargnants français exigeront des taux d'intérêts à long terme supérieurs aux taux d'intérêt à court terme actuellement acceptés par les investisseurs étrangers. Mais l'Etat en récupérerait plus d'un tiers à travers les prélèvements sociaux et les impôts. En outre, les intérêts annuels nets perçus seraient réinjectés directement dans l'économie française, et non dans le système financier international.

Pour tester l'idée, le Trésor pourrait proposer aux épargnants de financer l'équivalent du déficit budgétaire à travers des bons à long terme.

Faible résistance aux chocs financiers.

Comme la Grèce, l'Espagne et le Portugal, la France cumule un fort déficit commercial et une importante dette publique détenue majoritairement par des spéculateurs étrangers.

De plus, la France a un important secteur bancaire, très engagé dans les pays déjà frappés par la crise de liquidité des dettes souveraines.

Le point de non retour : la réforme impossible

Ceux qui croient encore à l'Etat ne peuvent plus le réformer, car ils sont principalement soutenus par une partie des élus et des salariés du secteur public - au sens large, y compris les entreprises publiques, les collectivités locales, les administrations de Sécurité sociale-, qui, comme d'autres bénéficiaires du système actuel, s'opposent mordicus à la réforme d'un Etat qu'ils ont largement "capté" à leur profit et qui leur assure - à crédit en sus de l'orgie de prélèvements - revenu, statut et sécurité.

Ceux qui croient dans l'Etat assistent passivement à son inéluctable dépérissement, achetant les voies de leurs électeurs par toujours plus d'avantages acquis financés par la dette et la pression fiscale sur le secteur productif.

Paradoxalement, c'est le secteur privé qui reste seul à souhaiter une réforme de l'Etat en profondeur, pour qu'il puisse continuer à jouer son rôle en France, car c'est la condition sine qua non de la restauration de leur compétitivité et donc de leur survie.

Source : Challenges 30 Janvier 2014 - Dans quel Etat j'erre ? - Denis Kessler.

 

La France a perdu la flexibilité du taux de change qui lui permettait de surmonter ses rigidités sociales.

François Lenglet explique dans le Point du 12 Juin 2014 les relations entre relations sociales et force de la monnaie.

  • L'Allemagne, dotée d'une forte flexibilité sociale, est attachée à une monnaie forte pour continuer à importer à bas prix.
  • La France, handicapée par de très fortes rigidités sociales, a besoin d'une forte flexibilité des changes pour rééquilibrer ses échanges extérieurs.

Le problème de l'union monétaire est que l'€uro correspond aux critères économiques de l'Europe du modèle Allemand, alors que la France et les pays du Sud restaient incapables de surmonter leurs rigidités sociales.

 

Une culture nationale hostile à l'entreprise

Aux USA, où réussite entrepreneuriale et popularité se confondent, Steve Jobs ou Bill Gates ont toujours été bien classés. En Allemagne, les ouvriers savent que la prospérité des entreprises est leur meilleur allié. Dans les pays où la fonction publique domine, la compréhension de ce qui fait la prospérité d'un pays est plus faible. - Source l'Express -19 Septembre 2012 - Christine Kerdellant.

Fille ainée de l'église pendant 1.000 ans, puis du Marxisme depuis le XIXe siècle, la culture française a une vision très négative de l'entreprise, qui imprègne profondément le système éducatif et la classe politique.

Les manuels des lycées donnent une vision négative de l'entreprise.

Un think tank d'inspiration libérale, l'Iref, a publié en Septembre 2012, une étude sur la façon dont sont présentés les acteurs économiques dans les manuels de lycée.

* L'entreprise n'occupe généralement qu'une dizaine de pages sur 400 : c'est une entité abstraite, qui maximise ses profits différemment selon qu'elle se trouve en situation de monopole ou de concurrence pure et parfaite.

* Le créateur d'entreprise est invisible : aucune histoire d'entrepreneur n'est mentionnée. Son rôle dans la création de richesse est presque toujours occulté.

* Le marché et la mondialisation sont abordés d'un point de vue critique car "défaillants".

* L'Etat est toujours présenté comme l'acteur économique principal, car c'est le "régulateur indispensable".

* Le mot "social" est le vocable le plus utilisé. Nulle part on ne met en garde contre les dangers du trop d'Etat ou de l'assistanat.

* Aucun des manuels ne fait plus l'éloge de l'économie planifiée (c'était encore le cas en 2006 !), mais tous insistent lourdement sur l'importance des impôts et de redistribution. Keynes est cité à satiété, au détriment des économistes libéraux. Les textes sont souvent pessimistes (la concurrence est "sauvage") et le biais idéologique tendancieux.  

* La notion de risque est évacuée, à l'exception du risque de crédit, pour évoquer les mauvais payeurs.

* Un seul journal économique est régulièrement cité : Alternatives économiques, dont les auteurs sont tous des enseignants.

* Dans le manuel d'économie de terminale de Hachette 2011-2012, la théorie libérale est présentée grâce à des citations tirées d'un livre de Jacques Généreux, colistier de Jean-Luc Mélenchon !

Les députés ne connaissent pas les entreprises qui font la croissance

Dans ses cahiers publiés en Décembre 2013, le cercle de réflexion En Temps réel s'et penché sur le rapport qu'entretiennent nos députés avec les entreprises (Les députés connaissent-ils les entreprises? d'Olivier Coasta et Anne Sophie Behm).

  • Les députés ne viennent pas du monde de l'entreprise.
  • Les députés sont plus préoccupés de satisfaire les électeurs de leur circonscription que de s'intéresser aux enjeux nationaux.
  • Rencontrer le monde des entreprises ne vient qu'au 7ème rang des préoccupations des députés et uniquement pour les entreprises en difficulté de leur circonscription.
  • Les députés ne rencontrent jamais les entreprises de tailles internationales.
  • Le député passe trop de temps à labourer le terrain électoral de sa circonscription et n'a pas la culture économique pour comprendre les enjeux mondiaux.
  • Les partis politiques ne peuvent pas se doter de véritables spécialistes.

Le député ne connait donc pas le secteur productif qui fait la croissance. Il ne rencontre que les parties de la société faiblement connectées  au fonctionnement de l'économie mondialisée. Il s'ensuit que les parlementaires sont très naturellement influencés par un fort souci de protection du consommateur lorsqu'ils légifèrent. Leur attitude porte la marque du système électoral. Ils ne sont pas enclins à soutenir l'effort des groupes qui jouent le jeu de la compétition mondiale.  

En Allemagne, les partis se servent des élections européennes pour que leurs parlementaires à Strasbourg acquièrent des compétences approfondies sur leur domaine de spécialisation - et être à même de mieux défendre les intérêts de leur pays au sein de l'Europe, ou les intérêts européens face aux USA ou à la Chine.

En France, les partis utilisent le scrutin européen pour distribuer des sièges aux déçus ou éconduits influents, ce qui explique le fort absentéisme des parlementaires français à Strasbourg.

Alors que les députés aux USA, en Chine, au Japon, en Corée, en Allemagne, ont une vision économique mondiale pour pousser les avantages respectifs de leur pays, en France les députés, notables de province, n'ont aucune culture économie ni aucune vision stratégique mondiale.

Faute de réelle culture économique, le Français veut bénéficier de tous les avantages s'en avoir à s'en donner les moyens.

Pierre Dussol, professeur honoraire de sciences économiques à Aix-Marseille Université résume en quelques mots dans l'Expansion de Septembre 2013, l'inconséquence de cette non-culture économique dominante en France de ceux qui veulent :

  • Des emplois sans être compétents (déficiences de la formation scolaire et de la formation professionnelle).
  • Des rétributions sans contribution (trop de fonctionnaires, d'emplois fictifs et de complaisances accordés par les politiques).
  • Des retraites sans cotisations (blocage des réformes des retraites).
  • Des investissements sans capitalistes (mépris des entrepreneurs par les politiques de droite et de gauche).
  • Des exportations sans importations.
  • Le redressement productif obtenu par la traque des agents les plus productifs (harcèlement des agents des impôts contre les entreprises qui ont obtenu le Crédit d'Impôt Recherche). 

La Suède a le même niveau de prélèvements obligatoires (51,4 % du PIB) que la France. Mais la Suède protège ses entreprises, avec l'un des taux d'impôt sur les sociétés les plus faibles. Ce qui contribue à la placer au 4ème rand des Etats les plus compétitifs selon le Forum de Davos.  

Une classe politique qui ne comprend pas le monde moderne

"En Février 2013, le directeur général de l'OMC Pascal Lamy expose devant les députés de l'Assemblée Nationale les transformations profondes de l'économie mondiale et ce basculement historique, qui a vu, pour la première fois dans l'histoire du monde moderne, la production des pays en développement dépasser celles des pays développés.

A quelques exceptions près, l'ensemble des députés de la droite souverainiste à l'extrême gauche exprime un rejet de la mondialisation et même de la construction européenne, jugés responsables de tous les problèmes de la France.

Là où, ailleurs dans le monde, on s'employait à décrypter, à analyser, à dialoguer, nos députés, pour la plupart, préféraient tourner le dos à des réalités qui ne correspondaient pas à leur vision apocalyptique du monde. "

Source : Challenges 20 Mars 2014 - Arrachez vos oeillères ! Pascal Lamy

 

Une culture latine qui n'est pas immunisée contre la corruption

Le niveau de corruption se situe à un niveau intermédiaire en France.

Elle est moins vertueuse que les pays Scandinaves, Germaniques (à l'exception de l'Autriche), Anglo-saxons et les pays les plus avancés d'Asie (Singapour, Hong-Kong, Japon).

Mais elle est nettement moins touchée par la corruption que les autres pays latins (Italie, Espagne, Portugal).

En Amérique du Sud, seuls l'Uruguay et le Chili sont un peu moins corrompus que la France.

La corruption reste élevée dans tous les anciens pays communistes, le monde musulman, l'Afrique et l'Asie à l'exception des 2 anciens ports de l'Empire Britannique (Singapour, Hong-Kong) et du Japon.

En 2013, le gouvernement Ayrault a lancé 6 projets de lois anti-corruption, qui devraient mettre la France au meilleur niveau européen. 

 

La spéculation immobilière freine la mobilité géographique des salariés et alimente la hausse du coût du travail

Dans le Monde du 21 Juin 2013, Etienne Wasmer, enseignant à Sciences Po, codirecteur du Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques, explique comment la spéculation immobilière a contribué à la perte de compétitivité de la France.

"Le secteur du logement est particulièrement mal régulé au niveau de l'offre, ce qui conduit à une hausse des loyers et des prix, qui freine la mobilité géographique. Or, la mobilité, dans le contexte de la monnaie unique, est l'une des rares clés  de l'adaptation des économies."

Depuis 1996, la France a connu une très forte inflation des prix de l'immobilier. "L'effet induit sur les entreprises et leur compétitivité-salaire est important : comment demander aux salariés français d'accepter une modération salariale pendant 10 ans comme en Allemagne, où les prix de l'immobilier ont été constants jusqu'en 2010, alors qu'ils ont doublé en France en une décennie ?"

 

 

 

La société de défiance

"C'est l'instauration d'un modèle social corporatiste et étatiste qui a sapé la confiance : en instaurant des inégalités statutaires, l'Etat a oeuvré à l'effritement de la solidarité et de la confiance" écrivent les économistes Yann Algan et Pierre Cahuc dans leur livre "La société de défiance" (Ed Rue d'Ulm).

Les régimes spéciaux en créant des privilèges par rapport au reste de la société et un sentiment d'impunité se traduisent chez certains individus par une perte de la valeur travail et des abus auprsè des "usagers" régulièrement dénoncés par les associations de consommateurs et la Cour Européenne.

 

Une société où la connivence des élites génère la défiance des citoyens.

"La France demeure largement une société de connivences et de privilèges, ralentie par son corporatisme et la défiance de ses citoyens. Elle peine à réformer ses institutions et ses modes d'organisation. Les dirigeants d'entreprise sont trop souvent issus des grandes écoles, alors qu'ailleurs l'expérience et la promotion interne jouent un rôle prépondérant. Le système éducatif n'offre pas de seconde chance." - Philippe Aghion dans le Monde du 14 Avril 2012

Une société où les acteurs dominants bloquent les réformes au détriment de l'intérêt général.

"Le chômage augmente en France parce qu'il y a un consensus entre les acteurs dominants du jeu social pour ne rien changer aux règles sur le coût du travail, le salaire minimum, l'incitation à travailler, la protection des salariés. Les chômeurs constituent le maillon faible des rapports de force. Leur silence est assourdissant comparé au bruit que font régulièrement certains groupes sociaux dans la rue." - Michel Godet dans le Figaro du 7 Octobre 2012

Une gauche totalitaire qui a fait échouer l'émergence d'une sociale-démocratie consensuelle [5].

Dans les pays de tradition sociale-démocrate, la cause de la démocratisation du droit de suffrage et la question sociale allaient ensemble, avec les alliances que cela imposait.

En France, la révolution de 1789 s'est traduite par la suppression des corporations et une fragilisation de la classe ouvrière et des petits artisans. Le mouvement ouvrier s'est largement forgé contre la République bourgeoise. De plus, en France le socialisme démocratique privilégiant l'implantation locale et municipale a été fragilisé par un socialisme jacobin privilégiant le parti révolutionnaire centralisateur et totalitaire.

Depuis l'effondrement du mur de Berlin en 1989, les clivages à l'intérieur de la gauche française se sont estompés. Mais la gauche actuelle conserve des réflexes étatistes, tout en se voulant décentralisatrice. Elle continue de placer ses espoirs dans la dépense publique, tout en se voulant le parti de la défense inconditionnelle des droits individuels.

Montée du populisme d'extrême droite

  • rancune du peuple contre les élites
  • culte du leader et de la force
  • critique radicale de la démocratie représentative
  • rejet de l'extérieur par la nationalisme et la xénophobie
  • anticapitalisme et surtout antilibéralisme (libertés individuelles)
  • fascination de la violence en groupe 

Avec le déclin de l'Europe dans le monde, une longue crise du capitalisme qui déstabilise les classes moyennes, des institutions Européennes qui imposent leurs règles malgré l'opposition des électeurs (échec du référendum de 2005), le contexte historique est favorable au populisme de droite en Europe. Pour des raisons comparables, le monde musulman s'enferme dans l'intégrisme religieux. Le populisme de droite ou religieux exprime un sentiment d'infériorité et de peur de l'autre, qui se traduit par un repliement sur soit et les valeurs du passé.

En Amérique du Sud, ce sont les classes moyennes émergentes qui ont fait reculer les oligarchies et les dictatures militaires. C'est un populisme de gauche conquérant, qui a permis le décollage économique et démocratique du Brésil au début des années 2000, ou qui a généré criminalité et brutalité politique dans le Venezuela paupérisé de Chavez.

 

Judiciarisation des rapports sociaux et communautarisme dans les sociétés occidentales

Le philosophe Jean-Claude Miché explique l'inéluctable décomposition des sociétés occidentales dans la judiciarisation des rapports sociaux et le communautarisme [12].

Ce qui est spécifique à l'Europe Occidentale du XVIe et du XVIIe siècle, c'est l'ampleur et la durée inédites d'une forme de guerre particulière : la guerre de Religion ou guerre civile idéologique. Or, en divisant les familles, en opposant les voisins et en brisant les amitiés, la guerre civile met en péril l'idée même de communauté politique. Le projet moderne, dont le libéralisme est la forme la plus radicale, est né de la volonté de trouver à tout prix une issue à cette crise historique sans précédent. Il s'agissait d'imaginer une forme de gouvernementalité qui ne se fonderait plus sur des postulats moraux ou religieux mais sur une base tenue "axiologiquement neutre" D'où le rôle de la Raison et de l'idéal de la science dans les sociétés modernes.

D'Adam Smith à Benjamin constant, on attendait du droit et du marché qu'ils assurent de façon purement mécanique la coexistence pacifique des individus en permettant à ces derniers d'agir en fonction de leur seul intérêt bien compris et non plus selon des considérations "idéologiques" supposées les dresser sans fin les uns contre les autres. Au coeur du projet moderne et libéral, il y a donc la folle espérance d'une société devenue capable de se passer définitivement de toute références à des valeurs symboliques communes. Comme l'écrit Pierre Manent, l'Etat libéral est le "scepticisme devenu institution".

Le coeur de la philosophie libérale est l'idée que seul un pouvoir idéologiquement neutre peut assurer la coexistence pacifique des citoyens. Concrètement, cela revient à dire que chaque individu est libre de vivre selon sa définition du bonheur ou de la morale (s'il en a une) dès lors qu'il ne nuit pas à la liberté d'autrui. Or ce dernier critère devient vite inapplicable dès lors qu'on veut s'en tenir à une stricte neutralité idéologique. Comment trancher de façon strictement "technique" entre le droit des travailleurs à faire grève et celui des usagers à bénéficier du service public ? Entre le droit à la caricature et celui du croyant au respect de sa religion ? Entre le droit du berger à défendre l'agneau et celui de l'écologiste citadin à préférer le loup ?

Le paradoxe du libéralisme, qui voulait en finir avec la guerre civile, peut mener à un nouveau affrontement de tous contre tous, mené cette fois devant les tribunaux, par avocats interposés. Tel plaideur exigera donc la suppression des corridas, tel autre la censure d'un film antichrétien, un troisième l'interdiction de "Tintin au Congo" ou de la cigarette de Lucky Luke. Ce processus logique est évidemment sans fin.

L'Etat ne peut pas arbitrer en fonction de l'intérêt général parce qu'il s'interdit d'avoir une définition philosophique de l'intérêt général. Le droit libéral est donc contraint de légiférer à l'aveugle, en fonction des rapports de forces qui travaillent la société à un moment donné et qu'on nomme l"évolution des moeurs". Aujourd'hui, l'interdiction du tabac ; demain sans doute la légalisation des drogues.

Une société refusant par principe tout statut politique à des valeurs humaines partagées, ce qu'Orwell nommait "common decency" (une société décente), est inévitablement conduite à vouloir tout trancher par le droit. Or le seul critère "technique" de la légalité d'une opinion est son caractère "nuisible" ou non. de là la tendance inéluctable des sociétés libérales à interdire graduellement ce qui est "politiquement incorrect" selon les rapports de forces du moment. Ainsi, on glisse des idées généreuses d'un Constant ou d'un Tocqueville à celle d'Act Up ou des Indigènes de la République.

Dans l'approche purement juridique de la question sociale qui caractérise la démarche libérale, l'égalité des droits est compatible avec les inégalités de fait les plus indécentes. Le libéralisme exclut tout appel à des vertus morales communes, ce qui a des effets déssocialisants et génère une judiciarisation à outrance de la société. Dans ces conditions, les seules normes susceptibles d'accorder des individus que tout oppose seront fondées sur le seul langage que les libéraux supposent commun à tous les humains : celui de l'intérêt. Une société à la fois individualiste et multiculturelle ne peut donc trouver un semblant de cohérence anthropologique que dans le culte de la croissance et de la consommation. c'est pourquoi l'économie est devenue la religion des sociétés modernes.

Jean-Claude Miché promeut un idéal orwellien d'une "société décente" où le primat philosophique de la "common decency" sur le droit formel n'implique aucun mépris pour les garanties juridiques fondamentales. On peut reconnaître à chacun le droit de défendre une opinion ou une manière de vivre particulières sans considérer pour autant que toutes les opinions et toutes les manières de vivre ont une valeur philosophique égale. Une société qui obligerait à avoir des enfants serait tyrannique. Mais la volonté de ne pas avoir d'enfants ne peut pas être une valeur universelle sans contradiction. Dans une logique citoyenne et non plus individuelle, on peut donc admettre que la société encourage, et privilégie sur le plan symbolique, des choix philosophiques contraires aux individus qui ne veulent pas d'enfants.

L'idéologie morale des guerres de religion et des dictatures politiques se marie sans difficulté avec un mépris absolu de la loyauté, de la bienveillance ou de l'entraide. En ce sens, il est faux de dire que toutes les manières de vivre se valent.

L'égoïsme tranquille des libéraux est certes un moindre mal si on le compare à la volonté de puissance déchaînée des fanatiques du Bien. Il n'en reste pas moins que, selon Jean-Claude Michéa, les valeurs individualistes du libéralisme mènent les sociétés occidentales à une impasse et la médiocrité. Pour rompre avec le communautarisme et le tout judiciaire, il faut avoir le courage politique de prôner et de défendre des valeurs collectives reconnues et acceptées par toute la société.

 

Une culture violente du rapport de force et du mépris de l'autre

Robespierre, précurseur des régimes totalitaires du XXème siècle

Idéaliste extrémiste et émotif, tout chez Robespierre est tribunal, la conscience, la vie politique, les assemblées. Sa République "a besoin de grandes trahisons" (Brissot) et son tribunal de grands coupables. "Ne calomniez pas la défiance, s'écrie-t'il. Elle est gardienne des droits du peuple. Elle est au sentiment profond de la liberté ce que la jalousie est à l'amour."

La démocratie de Robespierre est une démocratie du soupço. Il faut se rappeler qu'il est le véritable auteur, par Couthon interposé, de cette loi du 22 prairial, dite loi des suspects. Véritable loi "d'extermination" (Mathiez) dont aucun régime totalitaire du XXe siècle, à l'exception peut-être de Pol Pot au Cambodge, n'osa jamais s'approcher, au moins en termes juridiques (la génocide des juifs par les Nazis et l'extermination des "classes bourgeoises" par Lénine et Trotski se sont faits en dehors de tout cadre juridique).

"Le délai pour punir les ennemis de la patrie ne doit être que le temps de les reconnaître, il s'agit moins de les punir que de les anéantir", commente Couthon. C'est à la source de la politique d'extrême gauche, conçue comme éthique d'extermination, qui sera inculquée à Pol Pot lorsqu'il était étudiant à la Sorbonne.

Depuis des siècles, la culture politique Française est structurée par des notions manichéennes de Bien et de Mal, d'Ami et d'Ennemi, fondement d'une logique d'extermination de l'adversaire. Les critères retenus pour distinguer la gauche et la droite ne sont pas exclusivement politiques, ce qui inviterait au compromis, mais bel et bien moraux : c'est le bien contre le mal.

La théorie du complot des méchants n'a cessé de fleurir tout au long de la révolution française, et notamment dans la bouche de Robespierre, transformant les affrontements politiques ordinaires en une grandiose psychomachie opposant non des hommes, mais des systèmes, avec pour enjeux non un choix rationnel entre deux solutions différentes, mais l'éradication du Mal.

Le politique, fût-il le plus révolutionnaire, cherche toujours à un moment donné le compromis; le tenant de la morale ne saurait, lui, composer avec le mal et finit toujours par se résigner à l'extermination. Ce robespierrisme moral continue d'imprégner la vie politique française, et notamment la gauche, avec son cortège de pulsions exterminatrices et de repentances rédemptrices.

La gauche de Robespierre est sûre de sa vertu, sûre de son bon droit, de son avenir; sa détestation de l'adversaire est la preuve de sa conviction. Elle préfigure deux siècles de croyance dans la capacité infinies de l'action politique et de barbarie révolutionnaire.

source : "Les gauches françaises" Flammarion dans le Point du 20 Septembre 2012.

Non respect des délais fournisseurs

La Loi de Modernisation de l'Economie (LME) avait instauré un délai maximum de paiement de 60 jours. La moyenne était en Mai 2013 de 2 jours ! "Ce transfert de trésorerie représente un manque à gagner de 1 MD € por les sous-traitants" indique Pierre Pelouzet de l'organisme Mediation entreprise, créé en 2010 pour faciliter les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants. "Et les retards de paiement sont à l'origine d'une faillite sur quatre". Si la loi était simplement respectée, des milliers d'entreprises pourraient reconstituer leurs marges, consolider leurs fonds propres et innover pour gagner de nouveaux marchés. 

Une fois de plus, l'Allemagne fait figure de modèle. "Récemment, nous nous sommes rendus à Stuttgart, raconte le médiateur. Lorsque nous demandions à nos interlocuteurs, grands groupes automobiles et PME industrielles sous-traitants, comment les délais de paiement avaient été résorbés, ils pensaient qu'il y avait un problème de traduction. Ils ne comprenaient pas la question." Outre-Rhin, on négocie très dur les contrats, mais ensuite, on les respecte sans dispositif réglementaire particulier.  En France, la loi du plus fort prévaut, notamment dans la distribution et le luxe où, malgré des marges colossales et une communication Made in France, les multinationales ne se privent pas de délocaliser brutalement la production. [15]

Relations sociales dédhumanisées.

"Dans les enquêtes internationales, nos entreprises sont parmi les plus mal notées pour la qualité des relatons  avec la hiérarchie ou la reconnaissance du travail. Ce peu d'attention prêté à l'humain crée un contexte idéal pour les dévians (harcèlement des pervers narcissiques)". souligne le psychiatre     Patrick Légeron, fondateur du cabinet Stimulus.

A force d'individualisme forcené, de matérialisme roi et de disqualification des pères, "la perversion ordinaire progresse, terreau des futurs pervers narcissiques" (source L'Express 19 Février 2014).

En France, l'immaturité hyper-individualiste de citoyens qui attendent tout de l'Etat conduit à l'irresponsabilité collective, où il n'y a que des droits sociaux et plus de devoirs. Une administration au management hiérarchique d'un autre age favorise les comportement harceleurs de petits chefs. Une bureaucratie obsolète qui noie des procédures mal conçues dans l'anonymat  administratif encourage les comportements abusifs d'agents vis à vis des "usagers", au mépris de la réglementation.

 

 

Un mal - être général : pessimisme, anti-dépresseurs et taux de suicide parmi les plus élevés au monde.

Les Français vivent avec une "sensation de catastrophe permanente que distillent souvent les médias avec une sorte de jouissance complaisante". Mais il y a aussi le sentiment d'injustice de la France populaire contre le mépris des élites bien pensantes et hyperprotégées et le dénie des malheurs qui touchent les plus fragiles :" montée de l'insécurité, l'autoreproduction des élites, la désindustrialisation rampante, la routine des incivilités, les tracasseries administratives ou les politiques économiques ineptes". [16]

 

Une société qui dépense plus qu'elle ne produit

La balance des paiements de la France n'a cessé de se dégrader depuis 2001, jusqu'à devenir déficitaire à partir de 2005. Depuis, le déficit des paiements courants n'a fait que s'accroître, jusqu'à atteindre 2,2 % du PIB en 2012.

Pour continuer à consommer plus qu'elle ne produit, la France ne cesse de s'endetter auprès de l'étranger, au point que 64 % de la dette publique française est détenue par des investisseurs étrangers, ce qui la rend très vulnérable aux attaques de la spéculation internationale.

Le taux de marge (l'excédent brut d'exploitation rapporté à la valeur ajoutée) des entreprises françaises est le plus faible de la zone Euro. Les entreprises françaises doivent donc s'endetter pour investir.

Il n'y a que les ménages a avoir un taux d'épargne relativement élevé, mais insuffisant pour combler les énormes besoins des déficits d'Etat qui dépense trop et le faible taux d'autofinancement d'entreprises nationales paupérisées.

 

Le plus fort déficit commercial en Europe

Balance commerciale (biens et services) en 2012

Pays MD $
Allemagne 162,0
Espagne 29,8
Italie -21,8
Royaume-Uni -43,3
France -76,1

source : OCDE

 

Une culture qui privilégie la consommation au détriment de l'investissement

La consommation, publique et privée, consomme 80,8 % du PIB en moyenne de 2002 à 2010. Il ne reste pas assez de ressources pour investir dans l'avenir. 

L'assistanat a remplacé le social [14]

"Au fond, nous ne faisons plus de social. Nous achetons le silence des victimes de la crise. Il faut revenir à une politique du social responsable : la seule de véritable, c'est un accompagnement beaucoup plus vigilant pour remettre les gens sur le chemin du travail.

Des systèmes complètement gratuits comme la CMU sont totalement déresponsabilisants. Il vaudrait mieux que l'assurance chômage soit donnée en contrepartie d'une formation suivie par un demandeur d'emploi. Il serait plus utile de multiplier par deux les budgets de l'insertion par l'activité économique plutôt que de payer des indemnités."

 

La solidarité citoyenne a fait place à la charité de l'Etat providence et des associations.

Dans l'Expansion de Janvier 2008, la philosophe Marie-Claude Blais explique pourquoi la notion de solidarité, revendiquée par l'Etat providence et les associations, a perdu sa valeur citoyenne d'origine et sans projet de société n'est que de la charité.

La notion de Solidarité est apparue tout de suite après la révolution française, pour rétablir des liens collectifs entre des citoyens devenus libres et indépendants, dans un contexte d'effondrement des liens religieux et traditionnels de l'ancien régime. Saint Simon théorise ce concept de Solidarité citoyenne, en expliquant que la société est un corps social, un corps organisé dont aucun des organes ne peut vivre indépendamment des autres.

C'est en 1983 que cette solidarité citoyenne est dévoyée en charité publique. Désormais, cette solidarité publique  ne constitue plus un contrat librement discuté entre citoyens, elle est décidée par ceux qui gouvernent. Elle est imposée au nom de la morale, sans que soient expliqués aux citoyens les raisons pour lesquelles on leur demande de respecter des obligations les uns envers les autres. Les politiques de solidarité ne sont plus que des politiques d'assistance aux plus démunis, alors que la solidarité, à l'origine, ne se concevait que s'il y avait une volonté explicite de tous les membres de la communauté, de la nation, de travailler à une coopération mutuelle.

Les partis et les médias de gauche abandonnent le social, une vision collective du monde, pour le sociétal, l'hyper individualisme des revendications catégorielles contre la société. Désormais, il n'y a plus de citoyens, mais des individus qui attendent de l'Etat qu'il leurs garantissent toujours plus de droits et de protection, mais ils ont perdu toute conscience de ce qui les fait tenir ensemble, et donc de leurs devoirs. Cette solidarité devenue charité tend à justifier les droits des individus en faisant l'impasse sur le maintien de la communauté politique qui garantit la réalité et la réalisation de ces droits. Et elle aboutit à l'irresponsabilité de ses bénéficiaires. C'est ainsi que les humanitaires exigent que les sans-papiers accèdent à des "droits", tout en considérant comme illégitimes la législation du pays d'accueil issue d'un parlement élu par la majorité.

Au lieu de fonctionner comme un guide de la discussion publique, le principe de droit devient un moyen de contourner le consentement des peuples. c'est un élément du déficit démocratique des institutions européennes

Face à l'extension illimitée des demandes de protection et de droits, il faut pouvoir décider collectivement de ce qu'il est nécessaire de redistribuer. Et tout n'est pas également nécessaire. C'est le choix société impliquent une décision de la collectivité. 

 

Taux de chômage structurellement élevé

 

 

Difficultés à intégrer les immigrants africains et musulmans

Les élites ont délégitimé la notion même d'assimilation.

"L'autodénigrement perpetuel, combiné à une valorisation des cultures venues d'ailleurs, a démobilisé les catégories populaires nées de deux parents français.

L'autodénigrement a aussi contribué à armer intellectuellement les nouveaux venus pour résister à une assimilation devenue répulsive. La raideur de l'islam en France est liée à sa progression dans le monde en général, mais il tient aussi à l'évolution de notre propre société. Nous n'avons pas les mêmes exigences qu'autrefois. Quand à l'école, on parle aux enfants d'immigrés de culture d'origine comme étant leur culture, alors qu'ils sont censés acquérir la culture française. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela pose problème. .....Désormais, on vante la diversité, sans montrer d'exigences en matière d'adaptation aux modes de vie et aux règles collectives. " - source Michèle Tribalat dans le Figaro Magazine du 20 Septembre 2013.

La création d'un apartheid résidentiel

Alors que les élites résident dans des centres villes rénovés et hyper-protégés, les populations immigrées sont reléguées dans des cités ghettos et les catégories populaires nées de deux parents français cherchent à se mettre à l'abri d'une cohabitation difficile dans des zones pavillonnaires de plus en plus éloignées. C'est précisément au moment où c'est constitué cet apartheid résidentiel que les élites se sont mises à parler du "vivre ensemble" à tout bout de champ.

"Les natifs nés de deux parents français des milieux populaires qui sont habituellement au front de la cohabitation interethnique évitent les banlieues pour les espaces périurbains et semiruraux. Ils se sentent condamnés par les élites culturelles et politiques dans leur volonté de conserver leur mode de vie. Ils se sentent abandonnés par l'Etat (suppression de classes, de bureau de poste, du poste de gendarmerie ou de l'hôpital). On leur a même subtilisé le qualificatif de populaire puisque, désormais, quand on parle des quartiers populaires, c'est généralement pour désigner les banlieues dans lesquelles résident les immigrés. Ils sont de plus confrontés, dans les quartiers dits difficiles , à un racisme anti-Blanc, qui existe bel et bien, mais qui est nié. - source Michèle Tribalat dans le Figaro Magazine du 20 Septembre 2013.

L'Europe impose le modèle communautariste anglo-saxon

"Les Etats européens ont adopté, lors du Conseil du 19 Novembre 2004, un ensemble de principes de base communs en matière d'intégration qui dessinent un modèle aux antipodes de ce qu'a été l'assimilation. La France, si elle conserve le terme assimilation dans sa législation sur la nationalité, a abandonné le modèle assimilationiste et opté, avec les autres pays de l'Union Européenne, pour un modèle d'intégration qui ne laisse aucun ascendant aux cultures européennes, mais place les Européens et ceux qui viennent d'ailleurs au même niveau. Le nouveau modèle d'intégration adopté par les pays de l'Union Européenne ne vise aucun ajustement particulier, mais plutôt un objectif moral de respect et de tolérance.

Bien que la politique d'intégration ne soit pas encore une compétence européenne, les instances de l'UE ont mis le pied dans la porte. Elles pensent que l'immigration est le seul destin démographique de l'UE et que, en conséquence, il faut préparer les citoyens à la diversité croissante de leur société, présentée comme aussi inéluctable que bénéfique. Dans les faits, les musulmans sont très rétifs et peu enclins à échanger un système de valeurs bien plein, dans lequel la religion et la famille comptent énormément, contre un autre fait de grands principes éthérés. Ils n'y sont pas incités par des élites qui ont décidé que ce qu'il fallait avant tout , c'était de mettre les natifs nés de deux parents français sous surveillance. Ces derniers sont suspectés d'intolérance à l'égard de nouveaux venus musulmans qui, au contraire, incarnent la diversité si désirable. Ceux-là, ne faisant l'objet d'aucune exigence particulière autre que le respect de la loi, mettent en avant les leurs, en tentant de plier leur environnement à leurs pratiques et modes de vie. C'est une manière oblique d'appliquer la charia. Des contraintes fortes pèsent déjà sur les supposés coreligionnaires et sur ceux qui ne le sont pas. Notamment sur ce qui peut se dire, s'écrire, se dessiner, ou se mettre en image à propos de l'islam. Le combat pour la liberté d'expression, que nous supposions gagné en Europe, est à nouveau devant nous." - source Michèle Tribalat dans le Figaro Magazine du 20 Septembre 2013.

L'idéologie tiers-mondiste a cassé le modèle d'intégration française (10)

Selon Malika Sorel-Sutter, membre du Haut Conseil à l'intégration, "notre modèle a été abandonné pour les migrants du Sud, alors qu'ils en avaient davantage besoin du fait de leur grande distance culturelle avec la culture française". "On se contente d'une politique de la culpabilisation et de la repentance, qui est un véritable poison pour le processus d'intégration, parce qu'elle dresse les enfants de l'immigration contre la terre d'accueil. C'est ce qui nourrit chez certains le rejet de valeurs de la société française, comme la laïcité. Comment une terre et un peuple d'accueil qui s'autodénigrent autant peuvent-ils se faire aimer et respecter ?"

"La pression morale et le chantage affectif exercés par le groupe communautaire reconstitué sur le sol d'accueil, sur chaque personne censée lui appartenir du seul fait de sa naissance, rendent l'insertion de plus en plus hypothétique. Le phénomène se mesure partout. A l'école, à l'université, dans le monde de l'entreprise et dans les lieux publics, les demandes de renoncement à la règle -hypocritement appelées "accomodements" - sont permanentes et menacent le vivre-ensemble". L'Etat ayant renoncé à mettre en place une véritable politique d'insertion" les familles de l'immigration redoutent bien davantage les foudres qui peuvent s'abattre sur elles de la part de leur communauté culturelle d'origine si elles s'émancipent quelque peu de leurs lois et règles que les conséquences d'une violation des codes socioculturels de la société française". 

Pas assez de chercheurs et trop d'idéologues

Trop de chercheurs "s'arrangent avec la réalité pour la faire coller à la pensée dominante. Lorsque des enquêtes mettent en évidence que les élèves du Sud-Est asiatique réussissent bien mieux que la moyenne, cela devient dans certaines publications : "les enfants de l'immigration réussissent mieux que les autres à l'école". Beaucoup de chercheurs pensent d'abord à leur carrière, et la meilleure façon de réussir est de suivre le sens du courant, de dire ce que les politiques et les médias veulent entendre".

Ces chercheurs ne parlent pas de façon délibérée des parents immigrés qui ne veulent pas s'intégrer et retirent leur fille dès que possible du système scolaire français. A l'inverse, les familles immigrées qui veulent s'intégrer s'investissent plus que les autres dans le système éducatif français. Selon un tableau de l'INED publié dans l'Expansion de Septembre 2013 :

  • Les garçons et filles de parents algériens, à milieu social équivalent, ont 10 % de plus de réussite au Bac.
  • Issus d'une communauté plus récente que les Algériens, à milieu social équivalent les garçons  de parents marocains ou tunisiens ont 20 % de plus de réussite au Bac. Ce taux monte à +80 % pour les filles, car seule une minorité de parents à l'esprit le plus ouvert accepte que leurs filles aillent jusqu'au Bac.
  • Quel que soit leur milieu social, la totalité des parents asiatiques sur-investissent dans les études de leurs enfants, avec +70 % de réussite au Bac pour les garçons et +60 % pour les filles.    
  • Les enfants de parents immigrés venant du Sahel restent en échec scolaire.

Les parents venus du Maghreb sont venus pour le travail, à une époque où la notion d'intégration restait une valeur forte et partagée et où il existait encore une certaine mixité sociale

L'immigration d'origine sahélienne est beaucoup plus récente, à une époque où la France refuse l'immigration pour le travail et sous la pression d'ONG qui privilégient une immigration de populations analphabètes, culturellement et religieusement très éloignées du mode de vie dans les grandes villes européennes. Les intellectuels et mouvements associatifs de gauche exigent que la France s'adapte à ces nouvelles populations immigrées et les encourage à refuser l'intégration. Alors que l'apartheid social a remplacé la mixité sociale, ces mêmes associations entassent les nouveaux immigrés qu'ils ont fait venir dans des cités ghetto, où les rapports sociaux sont depuis longtemps détruits par le chômage, la drogue et la violence. Ayant eux même créé ces enclaves coloniales en Métropole, ils considèrent que la France reste un Etat colonialiste qui doit leur verser toujours plus de subventions, vivant ainsi confortablement (salaires financés par l'argent public allant jusqu'à 10.000 € ) de la misère africaine qu'ils importent à l'infinie.     

"Parce qu'ils veulent coûte que coûte croire que l'assimilation va bon train, les chercheurs, parfois, s'auto-intoxiquent. Prenez les chiffres sur les mariages mixtes. Une part croissante d'entre eux concerne des unions au sein du même groupe culturel. Or ils sont assimilés à des mariages mixtes par de nombreux chercheurs, qui propagent ainsi l'illusion d'un fort taux de mariages exogames, marqueurs d'intégration". Inversement "le critère des prénoms n'est quasiment jamais pris en compte dans les enquêtes. Or le prénom donné aux enfants est l'un des plus puissants indicateurs de la volonté des parents d'inscrire d'emblée leurs enfants dans le processus d'intégration". 

Le Déni des Cultures [13]

La sociologie française reste dominée par une culture marxiste qui privilégie l'analyse sociale et rejette par idéologie toute réflexion sur les phénomènes culturels. Mais une nouvelle génération de chercheurs, libres des carcans idéologiques et plus ouverts aux cultures des populations immigrées, commence à faire émerger la réalité des problèmes.

La démographe Michèle Tribalat a démontré en 2010 la transformation radicale de certains quartiers en Ile-de-France, sous la poussée d'une forte immigration sudsaharienne, alors que cette immigration avait été totalement niée durant toutes les années 80 et 90, jusqu'au choc de l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour des élections présidentielles de 2002.

Lors des 3 semaines d'émeutes de Novembre 2005, le sociologue Hugues Lagrange, chercheur au CNRS, constate que la carte des quartiers sensibles les plus touchés par ces émeutes épouse celle des cités où vivent de larges familles polygames africaines. Hugues Lagrange souligne comment le déni de cette forte immigration et le déni des cultures importées s'est traduit par une terrible ségrégation sociale et ethnique. Ces familles rurales, patriarcales, souvent illettrées, ont été profondément déstabilisées à leur arrivée. Leur système d'éducation par le village, avec l'intervention de tous les adultes, grands parents et oncles plus que des parents, n'opère plus. "Les pères, souvent autoritaires, dominent leur épouse plus jeune, confinée au foyer, mais peinent avec les enfants" Les enfants se retrouvent déchirés entre deux mondes. "Ils souffrent de voir leurs parents disqualifiés par la société (impossibilité de trouver un travail, humiliation de l'autorité patriarcale par de jeunes enseignantes et assistantes sociales) , tandis qu'eux-mêmes rencontrent l'échec scolaire". 

Ferdinand Ezembé, psychiatre spécialiste de la médiation interculturelle, est de plus en plus sollicité par les villes où les travailleurs sociaux n'ont pas réussi à faire passer le message entre les populations immigrée et les institutions. "La rencontre d'un père malien et d'une assistante sociale tourne souvent au dialogue de sourds. Elle le considère comme l'archétype du machisme. et lui refuse qu'une jeune femme de 23 ans lui explique comment éduquer ses 8 enfants. Les institutions essaient d'ailleurs de contourner les pères, et c'est une erreur. On ne pourra pas faire sans eux. Il faut les aider à exercer leur autorité." "Les femmes africaines portent le projet d'intégration, bien plus que les pères. La réussite scolaire repose sur elles. Mais il faut qu'elles se forment. car en Afrique, l'enfant n'est pas considéré comme un partenaire. On joue peu avec lui. Il s'élève avec ses pairs et ses frères. En farnce, nos médiateurs demandent aux mères de rester dehors avec leurs enfants pour qu'ils ne soient pas seuls." 

Dans son livre publié en Septembre 2010, le sociologue Hugues Lagrange détaille les mécanismes qui freinent l'intégration des enfants d'Africains du Sahel.

-> Formation d'enclaves" ethniques"

La très forte concentration de familles africaines concerne 20 à 25 communes d'ile-de-France principalement. La moitié des migrants d'Afrique débarque dans le département Seine-Saint-Denis (93). Lorsqu'ils s'installent dans une cité, les classes moyennes autochtones sont déjà parties. Dans ces communes, la ségrégation ethnique s'est accrue dans les années 1990. Aujourd'hui, les classes moyennes maghrébines quittent à leur tour les cités. Certains quartiers sont ainsi devenus, selon le chercheur des "sortes d'enclaves ethniques". "Dans ces cités, le taux de délinquance se fixe haut, autour de 15 % mais n'augmente pas avec l'arrivée de nouvelles familles sahéliennes, comme si la régulation par le groupe se remettait à fonctionner".

-> Polygamie et délinquance

Dans les sociétés occidentales les enfants de familles monoparentales ont globalement plus de probabilité d'entrer en délinquance. En revanche, cette relation s'inverse pour les familles du Sahel. Ces foyers connaissent peu de divorces. Et lorsqu'une femme élève seules ses enfants, "c'est souvent une mère courage, qui a fini par quitter un époux polygame ou violent. Les enfants s'en sortent mieux : les filles se solidarisent avec la mère et les garçons assurent le rôle de l'homme", selon le chercheur.

Dans les familles polygames, l'échec scolaire est massif, tout comme la part des adolescents verbalisés. "Cependant, ces foyers sont peu nombreux en france. Au Val Fourré, il y a 70 familles concernées. Mais localement c'est un problème, car cela représente 1.200 enfants".

-> L'islam comme refuge identitaire

A l'adolescence, les garçons sont en opposition avec la société, qu'ils jugent hostile. Ils subissent des contrôles policiers à répétition et des discriminations. Ils se heurtent aussi à leurs parents. Pour ne pas rompre totalement avec leurs origines, certains adoptent un islam fondamentalisme (financé par l'Arabie Saoudite ou le Qatar) parmi la deuxième génération.

-> L'absence des cadres supérieurs

Lorsque dans un quartier, le pourcentage de cadres grimpe de 3 % à 7 % tout change ! Il suffit d'une petite élite pour modifier les dynamiques scolaires. A Paris, la mixité sociale se maintient jusqu'à l'entrée au collège.

Le déni des flux migratoires

"L'Insee estime, pour le début des années 2010, un solde migratoire, c'est à dire la différence entre les arrivées sur le territoire national - d'étrangers et de français - et les sorties, de 50.000 à 70.000 personnes par an. Mais le solde migratoire est largement positif pour les immigrés, et négatifs pour les natifs, ce qui donne l'illusion que l'immigration étrangère est faible. En fait, notre pays enregistre plus de 200.000 entrées d'étrangers par an. Pour les années 2006 à 2008, le solde migratoire des immigrés s'établit entre 130.000 et 150.000 personnes. Le taux d'accroissement moyen annuel de la proportion d'immigrés dans les années 2000 rivalise avec celui des Trentes Glorieuses, période que personne n'oserait qualifier de période de stagnation migratoire.

Jusqu'à la fin des années 60, les trois quarts des enfants d'immigrés âgés de moins de 18 ans étaient d'origine européenne ; actuellement, ils n'en forment plus qu'un petit quart. Il s'est opéré un basculement dans les origines de l'immigration, qui désormais provient massivement hors de l'Europe." - source Michèle Tribalat dans le Figaro Magazine du 20 Septembre 2013.

Le concept de diversité stigmatise les migrants extra-européens.

Il ne viendrait à l'idée de personne de placer Nicolas Sarkozy ou encore Manuel Valls dans la case "diversité". Ils sont pourtant tous deux issus de l'immigration récente. Le concept de diversité a été appelé à la rescousse pour désigner les migrants extra-européens. Ce mot est piégé pour les descendants de l'immigration extra-européenne qui souhaitent s'intégrer, car il les emprisonne définitivement , aux yeux des Français dans la catégorie "non intégrable". Il habitue les citoyens français à les regarder comme des personnes dont les descendants ne pourront jamais être, et ce quelle que soit la génération, des Français partageant le même corpus de valeurs : liberté-égalité-fraternité-laïcité".

Le piège de la discrimination positive

La discrimination positive, c'est l'enterrement du mérite républicain. Cette politique est un échec partout où elle a été appliquée, y compris aux Etats-Unis, comme l'a reconnu Barack Obama lui-même. Pour une raison simple  elle ne traite aucunement des sources des difficultés, elle donne simplement des passe-droits pour déroger à la règle commune de vérification des acquis et des compétences. Le pradoxe de cette discrimination positive, que l'on tente de nous imposer en catimini, est qu'elle est plus proche du droit du sang que du droit du sol. On foule ainsi du pieds l'un des plus précieux héritages des Lumières, résumé en une seule phrase par le philosophe Emmanuel Kant : "L'homme n'est que ce que l'éducation fait de lui".

Les enfants et petits enfants d'immigrés ont du mal à entrer sur le marché du travail.

Dans les autres pays développés, l'intégration des immigrés se fait par le travail et les affaires, qui créent des liens de solidarités entre les partenaires économiques, basés sur des critères d'efficacité et de compétence.

La France est fermée à l'immigration du travail et privilégie une immigration d'assistanat : regroupement familiale, premier pays d'accueil des réfugiés "politiques" au monde, après les USA. La société française met ainsi des immigrés sans qualifications et souvent analphabètes, en concurrence avec les couches les plus pauvres de la population.

Montée d'une violence anti-française.

Dans le Figaro du 6 Octobre 2012, Natacha Polony analyse la montée de la violence d'enfants nés en France contre tout ce qui symbolise la France.

"A chaque nouveau fait divers, dont certains s'évertuent à nous dire qu'il ne s'agit que d'un fait divers, un degré est franchi dans la violence. A chaque fois, nous constatons un peu plus que des individus nés en France, qui ont passé des années à suivre des cours d'éducation civique dans des écoles et des collèges de France, se comportent comme des animaux, marquant leur territoire, agissant en meute parce que la codification de la violence par mille an de chevalerie s'est effacée, parce que toute forme minimale d'honneur ne les effleure pas et qu'on peut se jeter à quinze à coups de couteaux et de battes de base-ball sur un garçon désarmé. Nous avons régressé vers les temps barbares.

La haine de la France et de l'Occident peut pendre plusieurs formes, suivant le degré de déstructuration des individus. Elle peut engendrer des Mohamed Merah, qui trouvent dans un islam intégriste une construction identitaire apte à compenser leur frustration et les mener jusqu'au délire. Elle peut aussi engendrer des barbares, c'est-à-dire des êtres qui ne se sentent pas appartenir à la civilisation, parce qu'à aucun moment une éducation structurée n'est venue limiter l'expression de leurs pulsions.

Cette violence ne s'exprime pas seulement par un racisme anti-blancs, mais contre tous ce qui symbolise la France, sa culture et ses valeurs.

Avant le massacre de Kevin et Sofiane en Octobre 2012,il y avait eu, un été 2010, Mohamed, un jeune marié souriant. Massacré sur une bretelle d'autoroute sous les yeux de sa mère parce qu'il avait demandé un constat pour un accrochage. "Vous allez pas faire vos Français", s'étaient exclamés les fauteurs d'accident avant d'appeler des renforts de la cité voisine. Cette phrase est essentielle, parce qu'elle est une clé pour comprendre le processus qui rend notre société invivable et condamne nombre de nos concitoyens à vivre cette humiliation de devoir baisser les yeux devant les brutes.

Faire son français, c'est accepter les règles fixées par l'Etat, c'est se sentir dépositaire de la loi parce qu'elle a été délibérée en commun, c'est se sentir appartenir au peuple français. C'est s'inscrire dans une civilisation, mêlant les héritages gréco-romain et judéo-chrétien, qui a voulu, plus que toute autre, accorder sa dignité à toute vie humaine en proscrivant la violence brutale et la loi du plus fort. Rien à voir avec une quelconque couleur de peau. Et c'est pour cela que le terme de "racisme anti-Blancs" qui a ressurgi le jour où Kevin et Sofiane tombaient sous les coups de leurs agresseurs, ne dit rien de ce que nous vivons. Il passe à côté du problème. Kevin, Sofiane et Mohamed n'étaient pas blancs. Mais ils étaient pleinement Français en cela qu'ils acceptaient les règles de la République et les codes de notre civilisation."

L'affaire Baby Loup, ou la défaite de la laïcité française face à l'intégrisme religieux

L'affaire Baby Lou illustre cette suprématie des revendications identitaires dans la France multiculturelle voulue par les élites bien pensantes sur les revendications sociales de la France Républicaine. La Cour de Cassation, la plus haute autorité juridique de la République Française, de façon délibérée a sacrifié la mission sociale de la crèche Baby Lou pour donner raison aux intégristes de la cité, qui ne supportent pas ce dernier îlot de résistance laïque sur leur territoire.

 

 


 

Sources :

[1] Le Point n° 2039 - 13 Octobre 2011 - page 68 - Propos de Jacques Attali recueillis par Patrick Bonazza

[2] Le Point n° 2065 - 12 Avril 2012 - page 59 - L'Etat de la France - par Pierre-Antoine Delhommais

[3] Challenges n° 250 - 31 Mars 2011 - page 22 - Gaëlle Macke

[4] Le Figaro - 7 Octobre 2012 - Michel Godet

[4] Le Point - 4 Octobre 2012 - Patrick Bonazza

[5] Le Point n° 2076 - 28 Juin 2012 - page 56 - Marcel Gauchet

[6] L'Expansion n° 779 - Novembre 2012 - page 68 - Franck Dedieu

[7] Le Figaro - 2 Novembre 2012

[8] Le Point - 13 Décembre 2012 - page 54 - Collectivités : la révolution alsacienne est en marche - Jérome Cordelier.

[9] Le Point - 13 Décembre 2012 - page 68 - L'inavouable choix français du chômahe - Pierre-Antoine Delhommais

[10] Le Point - 13 Décembre 2012 - page 74 - Sur l'immigration, nous faisons trop d'idéologie -Malika Sorel-Sutter

[11] Chalenges n° 315 - 4 Octobre 2012 - page 68 - Un mille-feuille fiscal toujours plus épais - Thierry Fabre

[12] Le Point n° 1825 - 6 Septembre 2007 -page 84 - Jean-Claude Miché et la servitude libérale - propos recueillis par Elisabeth Lévy

[13] Le Figaro - 11 Septembre 2010 - Cécilia Gabizon

[14] Le Point n° 2090 - 4 Octobre 2012 - page 58 - Laurent Wauquiez leader de la Droite Sociale à l'UMP

[15] Challenges n° 347 - 30 Mai 2013 - page 23 - Kira Mitroffanof

[16] : Le Point n° 2140 - 19 Septembre 2013 - page 7 - éditorial Franz-Olivier Giesbert


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