Philippe Askenazy (né en 1971) est Directeur de recherche au CNRS, chercheur à l'Ecole d'Economie de Paris, membre du groupe de réflexion la République des idées.
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site de la République des idées
La bulle immobilière a dopé les dividendes [1]
"Pour les actionnaires, la rémunération semble "normale" : le rapport dividendes nets versés sur les fonds propres des SNF est plat depuis 15 ans.
Si les dividendes ont augmenté, c'est que la valeur des fonds propres, liée au capital économique des entreprises, s'est envolée. Or l'immobilier et le foncier d'entreprise ont connu une bulle exceptionnelle, comme dans le résidentiel : les prix ont été multipliés par 2. La valeur de ce capital est ainsi totalement déconnectée de la valeur ajoutée.
Cette bulle pousse donc les entreprises, pour maintenir à l'apporteur de capital sa rémunération, à verser des "surdividendes" de l'ordre de 25 à 30 MD par an, soit l'écart entre le montant des dividendes actuels et celui du début des années 2000., avant l'envolée des prix de l'immobilier. En outre elle leur impose de payer 15 MD de surcoût pour l'acquisition des bâtiments. Ainsi, la facture supplémentaire atteint environ 40 MD, soit un tiers des cotisations patronales et plus du double de Cice !. bref, il est urgent que la bulle de l'immobilier d'entreprise éclate pour réduire le versement de dividendes et retrouver notre compétitivité".
Autrement dit, les actionnaires veulent le beurre (hausse de la valorisation de l'entreprise alimentée par la spéculation immobilière) et l'argent du beurre (hausse des dividendes en proportion de la hausse du capital de l'entreprise).
C'est parce qu'il a enrichit ses actionnaires que Steve Jobs leur a refusé de son vivant le versement d'un dividende.
La part des dividendes nets versés par les entreprises non financières est passé de 6 % en 2000 à 9,3 % en 2011, record historique.
Plus les actionnaires se versent des dividendes importants, plus ils demandent des efforts croissants aux salariés. Les meilleurs salariés quittent leur entreprise pour un autre emploi plus motivant; Ceux qui ne peuvent pas partir sont complètement démotivés. "Ce malaise mine les performances des entreprises, entretient une perte de compétitivité et porte les germes d'une explosion sociale".
Source
[1] Challenges n° 330 - 31 Janvier 2013 - page 27
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