Express 12 Novembre 2014 Mathieu Deprieck et Marcelo Wesfreid
Ils connaissent tout des congrès, des campagnes et des jeux d'appareil - moins la vie réelle....L'affaire Thévenoud, un cas pahologique, a mis en lumière ces jeunes députés bibernnés à la politique. Et qui occupent une place prépondérante dans les rangs du PS à l'Assemblé.
La réunion de groupe des députés du PS ? "C'est devenu l'AG d'un syndicat étudiant".
Ambitieux, impatients, efficaces, individualistes, ves néoparlementaires incarnent une autre façon de faire de la politique. Pros de l'action tactique et des jeux d'appareils, ils sont moins à l'aise dans le quotidien. Au point d'"oublier" de payer leurs impôts, leurs factres, leur loyer, comme le primo-député Thomas Thévenoud. ?
Après la victoire de François Hollande à la présidentielle, 150 socialistes sont élus pour la première fois. Un renouvellement qui a fait la part belle aux apparatchiks, surtout chez les élus - on compte deux tiers de ces profils parmi les trentenaires et les quadras.
De 2008 à 2012, la première secrétaire du PS Martine AUbry oeuvre beaucoup pour faire émerger cette génération, en puisant dans l'aile gauche du parti.
La carrière d'un apparatchik du PS sous la présidence Hollande :
- Etudiant millitant au Mouvement des Jeunes Socialistes
- Fonction dirigeante à la MNEF et l'UNEF
- Cabinets des présidents de Région ou de Département détenus par la gauche
- Assistant parlementaire
- Primo-Député trentenaire, sans aucune expérience dans une entreprise et du terrain politique, imposé par la direction du parti au détriment des anciens élus légitimes ancrés dans leur territoires.
Ayant intégré l'appareil du Parti pour devenir député à 30 ans, ces jeunes apparatchiks méprisent toutes les étapes préalables qu'ont du gravir leurs ainés :
- Conseiller communal
- Conseiller cantonal
- Conseiller Départemental
- Conseiller Général
Ils n'acceptent d'être candidat que dans les circonscriptions où le Parti est majoritaire, le plus souvent en évinçant l'élu historique qui a apporté les électeurs de sa circonscription au PS.
"On pensait avoir de jeunes députés, on se retrouve avec de vieux militants", bougonne le porte parole du PS Olivier Faure.
Une fois devenus députés, ces anciens étudiants militants, très pauvres en culture politique et sans réelles valeurs, ne connaissent que les techniques de manipulation, le rapport de force,la recette pour imposer une idée dans un débat et maîtriser l'art oratoire. Ils savent préparer, des complots des alliances, mais ne connaissent rien du monde des entreprises et de la France Populaire qu'ils méprisent.
Après la démission spectaculaire du secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Michèle Delaunay, ancienne Ministre déléguée aux personnes âgées, consacre, dans son blog, une note au scandale. Celle-ci, intitulée "Le tunel, ou comment faire carrière sans mettre un pied dans la vraie vie", décrit comment un jeune militant peut espérer gravir les échelons à une vitesse grand V en grenouillant dans le monde politique. "C'est un univers séduisant qui exerce une grande fascination. Une fois à l'intérieur, il peut être difficile de revenir au réel", explique t-elle.
Alors qu'une grande majorité de ces apparatchiks sont dans le déni, offusqués qu'on puisse mettre en cause leur carrière opportuniste d'apparatchiks, rares sont ceux qui portent une regard lucide sur eux mêmes.
"Oui, j'ai été coupé des réalités mais je ne m'en rendais pas compte. A 20 ans, faire le tour des facs de France, sac au dos, parce que vous êtes au bureau de l'Unef, ce n'est pas une vie normale." Luc Belot, député de Maine-et-Loire, reconnaît qu'il est facile de s'enfermer dans un monde artificiel : "Au Palais-Bourbon, tout le monde vous appelle "M. le député"." Comment a t'il crevé cette bulle ? En faisant son marché tous les mardis matin, à Angers, avant de venir à Paris pour la réunion de groupe. La famille permet aussi de rester sur terre. "L'année dernière, mes parents me sont ombés dessus quand ils ont reçu leur feuille d'impôts" poursuit Luc Belot, qui a passé ses vacances d'été dans un camping de la côte atlantique avec ses proches. A la rentrée, un de ses collègues est surpris de ces vacances si populaires.
Ces jeunes apparatchiks sont nés de la décentralisation
"Avec la décentralisation amorcée dans les années 1980, les postes de collaboateurs d'élus locaux se sont multipliés, rappelle l'universitaire Carole Bachelot, maître de conférence à Nancy. C'est désormais une filière de recrutement majeur pour les candidats aux législatives."
Le phénomène ne concerne pas que le PS. "Il est aujourd'hui beaucoup plus répandu à gauche, parce que celle-ci détenait les collectivités locales en 2012. La logique s'inversera certainement en 2017" anticipe Eric Keslassy, sociologue à l'Institut Diderot, à Paris, et à l'IEP de Lille.
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