Le financier et l'entrepreneur
L'objectif d'un entrepreneur est de développer son activité (le chiffre d'affaires), en motivant ses salariés pour attirer la clientèle visée. Les valeurs dominantes d'un entrepreneur sont la stratégie sur le long terme et la décentralisation, pour que les équipes soient le plus proche du terrain (clients et concurrents). La rentabilité est une contrainte et non la finalité de l'entrepreneur.
L'objectif d'un financier est de maximiser le profit trimestriel, en réduisant au maximum la masse salariale et les coûts fournisseurs. Le financier s'est accaparé l'essentiel de valeur ajoutée en imposant un rapport de force extrêmemnt violent vis à vis des salariés (l'action monte en Bourse lorsque l'entreprise licencie massivement) et vis-à-vis des fournisseurs (qui ne gardent que les coûts de production). La seule valeur du financier est la maximisation du profit trimestriel, par une organisation hypercentralisée et une automatisation de tous les processus de prise de décision.
Comme l'intellectuel marxiste, le financier est persuadé que le profit est la seule finalité de l'entreprise. Comme l'intellectuel marxiste, le financier a une vision purement intellectuelle coupée du monde réel. Il ne croît pas aux valeurs individuelles et considère les individus comme intergeangeables. L'organisation doit être hypercentralisée et bureaucratique, pour étouffer toute initiative individuelle sur le terrain, considérées comme nuisibles par nature.
Août 2008 : La faillite du capitalisme financier
Le Marxisme, vision intellectuelle hypercentralisée et bureaucratique d'une caste coupée du monde réel, s'est écroulé en 1989 avec le Mur de Berlin.
Le capitalisme financier, vision intellectuelle hypercentralisée et bureaucratique d'une caste coupée du monde réel, s'est écroulé en 2008.
Le profit n'est pas la vraie finalité de l'entreprise, comme en sont persuadés le Marxiste et le capitaliste financier.
Par définition, la finalité de l'entreprise est d'entreprendre, c'est à dire créer quelque chose de nouveau, produire plus et mieux ce dont la collectivité a besoin.
2012 : Le retour de l'esprit d'entreprise
Depuis la crise de 2008, les groupements indépendants (Leclerc, Système U, Intermarché) gagnent des parts de marché, au détriment des groupes intégrés( Carrefour, Casino, Auchan).
Intermarché, le plus centralisateur des indépendants, est celui qui progresse le moins vite des indépendants.
Auchan, le seul groupe intégré a avoir conservé une culture d'entrepreneurs, est celui qui recule le moins des groupes intégrés.
Début 2012, c'est Carrefour qui symbolise le retour des entrepreneurs.
"Après avoir remplacé à sa tête un ancien industriel par un commerçant, le numéro 2 mondial vient de diviser en 3 sa branche hypermarchés en France. Et ces 3 entités sont confiées à 3 "purs produits" Carrefour qui ne viennent ni de l'étranger, ni du conseil, ni de la finance. Tous 3 ont démarré il y a plus de 25 ans comme chez de rayon et ils ont davantage arpenté les allées des grandes surfaces que les couloirs des grandes écoles ou les corridors" .- (LSA n° 2215 - 16 Février 2012)
Le e-commerce a généré un nouveau type de commerce et un nouveau consommateur :
--> Une offre plus large qu'en magasin.
--> Des prix plus bas qu'en magasin.
--> Des heures d'ouverture 24h sur 24, y compris le dimanche et jours ferriés.
--> Pas de file d'attente aux caisses
--> Avec les informations diffusées sur les sites marchands et les forums, de plus en plus souvent c'est le consommateur qui en sait plus que le vendeur soit disant spécialisé.
Réinventer la vente en magasin
Le e-commerce oblige le magasin à se réinventer, en mettant en valeur ce qu'internet ne peut pas offrir au consommateur
--> La proximité
--> Le vendeur spécialisé doit devenir un véritable coach et se constituer son portefeuille de clients à haut potentiel, avec lesquels il communique sur son propre blog intégré au site du magasin.
--> Créer une expérience d'achat unique à travers la théâtralisation de l'offre et des animations
--> Burberry a équipé d'Ipad les vendeurs de ses magasins en Chine. Si le produit demandé est indisponible sur place, le vendeur présente au client le produit en ligne et le lui commande si nécessaire. Celui-ci choisit ensuite de réceptionner en magasin ou à son domicile.
Réinventer le centre commercial
"Les gestionnaires se trouvent écartelés entre la logique du plus grand et du plus petit. Avec, d'un côté, les centres monumentaux, type Quatre-Temps, offrant un maximum de choix et de régénération commerciale, et de l'autre, des supermarchés dotés de galeries où le service de proximité prédomine, dans l'esprit de Mercialys. Du coup, il y aura des perdants dans la catégorie intermédiaire des centres moyens, qui ne se renouvellent pas et où le client s'ennuie". (Christian Dubois, directeur général de Cushman et Wakefield France dans LSA du 9 Juin 2011)
Des enseignes exclusives
Les centres commerciaux sont "des diffuseurs d'enseignes en quête d'exclusivités comme l'ont été Uniqlo aux Quatre-Temps, Apple Store au Carroussel du Louvre et Hollister, la filiale d'Abercombrie & Fitch à Vélizy 2". (Guillaume Poitrinal, président du directoire d'Unibail-Rodamco dans LSA du 9 Juin 2011)
Doter le centre commercial d'un site internet
Hammerson a été précurseur en la matière avec des ventes flash : la possibilité, depuis Novembre 2010 et une fois par mois, de réserver sur le site d'Italie 2 des produits discountés à retirer dans le centre.
Dans le même esprit, depuis Mai 2011, Frey propose les "deals de la semaine" en ligne pour 3 de ses sites. "Un produit, pour une enseigne et une semaine, à prix fracassé 60 à 80 % moins cher", résume Antoine Frey, président du directoire de Frey.
Mais Hammerson est allé un cran plus loin dans la stratégie multicanal en nouant un partenariat avec vente-privée.com. "Nous utilisons la plate-forme web de ce pure player pour mettre à disposition de ses visteurs des bons d'achats et chèques cadeau à moitié prix, détaille Vincent Ravat, directeur des opérations. Nous fidélisons ainsi des clients en leur offrant du pouvoir d'achat, créons des flux, générons des achats complémentaires auprès des enseignes. Après un premier test à O'Parinor, nous renouvelons l'opération à Bercy 2". (LSA du 9 Juin 2011)
Depuis le 1er Juin 2011, l'opération m-couponing a été étendue à Bercy 2. La formule est simple : les internautes achètent des bons d'achat Rosedeal à 20 € sur le site de Vente Privée, équivalent à un montant de 40 €, qu'ils peuvent dépenser en magasin. "Les acheteurs dépensent 25 % en plus avec les bons Rosedeal, sans avoir l'impression d'avoir ouvert leur portefeuille !" se félicite Thomas Havas, directeur marketing de Hammerson. La foncière utilise la base de données clients de Vente Privée et envoie des emails ciblés aux personnes identifiées sur la zone de chalandise des centres commerciaux (700.000 pour Bercy). En retour, le site Internet profite d'un relais de croissance à faibles contraintes logistiques (les achats se font directement en magasin) et de la clientèle des centres commerciaux. (Points de Vente n° 1096 du 20 juin 2011)
A lui seul, le commerce ne peu pas recréer du lien social dans une société hyper individualiste, qui a perdu le sens des valeurs partagées par l'ensemble de la Cité.
Dans l'Express du 4 Décembre 2003, Philippe Lemoine, coprésident des Galeries Lafayette, explique pourquoi le commerce à lui seul ne peut pas recréer du lien social. [1]
"Y a t'il un moyen terme entre l'individualisme (poussé à un point extrême jusqu'à l'enfermement) et la solidarité telle que définit une vision postmoderne à la française, celle de la fête de la tribu, où l'on rencontre non pas l'autre, mais des clones. Nous nous demandons donc s'il y a réellement un lieu pour la rencontre de l'autre."
"A partir du moment où la religion n'est plus au centre de l'organisation de la société, comment va-t-on faire face au risque de dérèglementation des passions humaines ?
A l'époque de la Renaissance, une réponse avait été fournie par le retour à la notion de valeur universelle. C'était, avec la relecture des textes de l'Antiquité, la redécouverte d'une morale laïque fondée sur l'intérêt général.
De nos jours, la façon de pousser à l'extrême individualisme et préférence pour le présent -"Le monde s'écroule, mais jouissons !", " No future !" - fait partie à mon sens des "monstres" de la modernité. Alors, dans ce contexte, faire jouer au commerce le rôle de lien social est à la fois très intéressant et très dangereux. Le vide de sens ne peut pas être comblé par le seul échange marchand.
L'incivilité se développe dans l'espace public vide de sens. Il est alors tentant de recourir au commerce, car les centres commerciaux et les magasins ont l'habitude d'être confrontés au problème de l'incivilité ; ils savent s'organiser pour y répondre. Mais cela ne suffit pas : le besoin d'un espace public demeure.
[1] L'Express - 4/12/2003 - page 114 - Philippe Lemoine interviewé par Sabine Delanglade
Supprimer les publicités sur ce site pendant 1 an